jeudi 7 juillet 2011

"A cinq heures, sous le Chinois..."

Le couple chinois peint en 1858 par PASCUTI est sans doute le plus célèbre motif décoratif du FLORIAN.
" C'est un charmant personnage que le Chinois.Sur le mur où il est peint à fresque, il se dresse aimable, souriant et fier.Vêtu d'une courte robe de soie bleue que ferment des boutons de corail et chaussé de souliers précieusement arrondis.Il a le visage de sa race et il a le teint agréablement jaune.Ses longues et fines moustaches de mandarin sont tombantes comme il sied et selon la mode de ses congénères des potiches.Les manches de son vêtement sont naturellement "pagodes".De la toque qui le coiffe s'échappe une belle natte bien tressée.Ses yeux obliques et bridés vous regardent avec un air d'affabilité souriante qui n'est pas sans ironie.Il est fier et il a raison de l'être, car il n'est pas seulement un Chinois; il est le Chinois., {...}Aussi est-il devenu une sorte de point de ralliement, et la phrase:"A cinq heures sous le Chinois" veut dire que l'on se retrouvera au Florian, à ce moment de la journée, sur la banquette de velours rouge,devant la table de marbre où l'on nous servira le punch à l'alkermès ou quelque petit verre de marasquin, puisque la "grappa" est proscrite des cafés" comme il faut" de Venise.{...}
Le Florian, malgré les concurrences, demeure le café par excellence, celui où tout bon vénitien s'assoit plus ou moins souvent et où l'on retrouve aujourd'hui un peu la Venise d'autrefois, non qu'il ressemble à cette charmante Bottega di caffè (clic) que peignit Pietro Longhi, où l'on voit une belle dame vénitienne, en sa belle robe de taffetas, déguster le divin breuvage, tandis que, de la porte, un personnage masqué en tabaro et baüta lui adresse un salut empressé; mais tel qu'il est à présent, le Florian n'en conserve pas moins, avec ses petites salles basses décorées de fresques et de miroirs, un aspect gentiment démodé et agréablement rococo.
Que diriez-vous d'un rendez-vous estival, là-haut, " à cinq heures, sous le Chinois"???

Henri de Régnier.Sous le Chinois.octobre 1909.
L'altana ou la vie vénitienne.

mercredi 6 juillet 2011

Si les murs de la Cà Dario....

 pouvaient parler, ils hurleraient!

Derrière les façades aux couleurs de friandises, la jeune Marietta Barbaro, emmurée, s'est consumée de chagrin.

L'historien Rawdon Brown s'est donné la mort face à ses tableaux; Kit Lambert, le manager des Who s'est perdu dans les fêtes et les drogues.
La liste est longue et sanglante .

Amoureux de Venise, Jean-Paul BOURRE a exhumé les bibliothèques de la Sérénissime pour raconter, sous la forme d'une enquête, l'histoire fantastique de ce bâtiment maudit, construit au XVI ème siècle sur un ossuaire et dont la devise gravée dans le marbre du frontispice, nous dit ,en anagramme" Celui qui habitera ces lieux ira à sa ruine"

( présentation du livre en quatrième de couverture)


L'ouvrage n'est pas bien épais, 120 pages tout au plus, mais il est de lecture agréable et néanmoins savante.

La légende de la Cà Dario ne nous est pas tout-à-fait inconnue mais  ce dernier livret nous révèle quelques arcanes de son histoire...moins connues et édifiantes...C'est pas demain la veille que je me porterai acquéreur de ce joli palais...( pour autant que j'en aie , un jour les moyens,les moyens , bien sûr)

En bref, je vous recommande la lecture de ce petit livre, vous passerez un moment léger mais non dépourvu
d 'intérêt