samedi 12 novembre 2011

Le coeur du sotoportego ( Castello)




Dans cette maison vivait Orio un jeune pêcheur. Une nuit, il entendit une voix "S'il te plaît, libère-moi je t'en prie" et vit sortir de l'eau le visage d'une belle jeune fille. Elle le rassura, lui expliquant qu'elle n'était pas une sorcière et qu'elle s'appelait Mélusine. Elle avait une queue de sirène mais cela ne les empêcha pas de tomber follement amoureux. Elle lui fit cependant jurer de ne jamais tenter de la voir le samedi. Malheureusement, Orio ne tint pas sa promesse et un samedi... Il vit sortir de l'eau un horrible serpent. Mélusine, car c'était elle, lui dit alors que s'il l'épousait, elle serait délivrée du sortilège. Ils se marièrent donc et eurent trois enfants. Mais Mélusine tomba malade et mourut. Orio était inconsolable et avec ses trois enfants, débordé de travail. Il ne pouvait s'occuper correctement du ménage. Mais chaque soir, en rentrant chez lui, il trouvait la maison en ordre, la cuisine faite. Un jour, rentrant plus tôt que prévu, il trouva par terre un serpent qu'il tua. À partir de ce jour, la maison fut toujours en désordre. Il comprit trop tard que ce serpent, c'était Mélusine qui venait l'aider au-delà de la mort. En souvenir de leur amour, on fixa sous le sottoportego le coeur de brique...



 Photos de ZEN.

Si vous passez par là avec votre amoureux, n'hésitez pas posez sur le coeur vos mains réunies...cela vous portera bonheur...c'est ce que dit la légende.

jeudi 10 novembre 2011

Idylle vénitienne.La leçon d'anatomie


Glauco CAMBON
 
D’un choc de son sautoir, comme elle entrait, elle a renversé par mégarde, l’Apollino d’ albâtre qui, du coup, s’est émietté sur les dalles.
-Le poverino ! balbutia-t-elle, un peu confuse. Il faut vite le réparer…Prenez votre flacon de colle…je vous guiderai. Je suis très savante en raccommodages.

Et, sans même quitter son chapeau, elle s’est assise en face de moi, de l’autre côté de la table.
-Ce morceau , d’abord…disait-elle ; puis celui-là…puis cet autre…

Mais je levais souvent les yeux ;je la regardais tout en assemblant les frêles débris ; je regardais la frange de ses cils, la fossette de ses joues, sa bouche dont avait soif ma bouche.

-Vous n’y pensez pas ! s’est-elle écriée brusquement. Voyez…Ce petit machin…ce pauvre petit machin ? …Vous le lui avez mis la pointe en l’air !…Est-ce que c ‘est convenable ? Est-ce que c’est de son âge ?

-Quand Novella d’Andrea, répliquai-je, professait, au temps du trecento, l’anatomie à Bologne, les illustrissimes recteurs l’avaient obligée de cacher son visage, durant ses cours, sous une capuche de soie, de crainte que le spectacle de son incomparable beauté ne troublât si fort ses élèves qu’ils en eussent négligé leur travail.

Et je repris mon délicat ouvrage, tandis qu’elle baissait sa voilette !

Gabriel Soulages


Novella d’Andrea

mardi 8 novembre 2011

Barbara STROZZI......




portrait présumé de Barbara Strozzi par Bernardo Strozzi

Née à Venise , le 6 août  1619, fille adoptive de Giulo STROZZI, mais très probablement fille naturelle du poète et d' Isabella Garzoni, dite  "La Greghetta", servante et héritière et qui vivait  au palais.

Au pied du pont de San Canciano, la colonnade du palazzo STROZZI, belle et suggestive demeure de riches banquiers florentins.


Barbara STROZZI fut baptisée dans la proche église de Santa Sofia.Elle étudie la composition auprès de Francesco Cavalli, et à partir de 1634 on la trouve associée comme chanteuse et compositrice à l'Accademia degli Incogniti fondée par Giovanni Francesco Loredano. Le poète Niccolò Fontei en parle comme d'une cantatrice virtuose .Comme sa compatriote Antonia BEMBO, qui émigra à Paris, elle se distingue à la fois comme compositrice, chanteuse et luthiste.Entre 1644 et 1664, elle publie à Venise huit volumes de pièces vocales à une ou plusieurs voix.Elle participe aux réunions littéraires, musicales et ésotériques des académies vénitiennes où elle est remarquée autant pour son talent que pour sa beauté. Ses oeuvres évoquent souvent la souffrance amoureuse, l'amour non réciproque et la trahison.
Elle est avec Francesca Caccini l'une des rares compositrices italiennes du  XVIIe siècle.Mère de  quatre enfants  dont le père serait Giovanni Paolo Vidman, elle meurt à Padoue en 1664.


« Per un bacio che rubbai
dalle labbra del mio bene,
in priggion de mille guai
rinserrato amor mi tiene.
Al Giudice fiero
ch’udendo ci stà,
la mia sdegnosetta
dimanda vendetta
io chiedo pietà
mà sono intese, oh Dio,
le sue querelle e non il pianto mio.

Ben lo sò ch’à suo riguardo
mi farà morire al fine,
ò col foco d’un bel guardo
ò col laccio d’un bel crine;
mà s’egli lo vole,
finir anch’io vò
la vita el tormento
e, lieto e contento,
a morte n’andrò,
pur che mi lasci ancora
render ciò che rubbai prima che mora. »
« Pour un baiser volé
des lèvres de ma bien-aimée,
l’amour me tient captif
dans la région des mille fatalités.
Au sévère Juge
qui maintenant nous écoute,
ma petite dédaigneuse
demande vengeance ;
j’implore pitié,
mais ses plaintes sont écoutées,
 Oh ! Dieu !
et non mes pleurs.
Je sais bien que pour cette raison
elle me fera finalement périr
par le feu d’un beau regard,
ou par le ruban d’une belle chevelure.
Mais si ainsi il le désire,
moi aussi je veux en finir,
avec ma vie et mon tourment,
et joyeux et content,
j’irai vers la mort,
à condition qu’elle me permette encore
de rendre ce que j’ai volé, avant de mourir. »









Giulio STROZZI


Poète, écrivain et librettiste italien (Venise 1583 – id. 1652).
Il fut très actif à l'Académie de Rome puis à celle de Venise ; dans cette dernière ville, il fonde, chez lui, en 1637, l'Accademia degli Unisoni. Surtout connu pour ses livrets d'opéras, il a pris une part importante à la création de l'opéra vénitien. Citons, en tout premier lieu, parmi les compositeurs qui ont utilisé ses textes, Monteverdi (La Finta pazza Licori, 1627 ; Proserpina rapita, 1630), F. Manelli (La Delia o sia La Sera sposa del sole, 1639), Sacrati (La Finta pazza, 1641), puis Cavalli (Veremonda, 1652). 
Ses poèmes ont aussi inspiré les madrigalistes, en particulier Monteverdi et bien sûr sa fille adoptive Barbara Strozzi                                    
Source:Larousse


dimanche 6 novembre 2011

Pour colorer notre dimanche brumeux...

 
 Luigi PASTEGA
(Venezia 1858 - 1927)

 J'ai cru un instant que le premier tableau était un détail du deuxième ..mais à bien y regarder..si certaines attitudes  créent le doute... les deux tableaux sont différents.



Bon dimanche à vous qui passez..