vendredi 23 novembre 2012

Bien nobles est qui en soy a bonté...



 
 
"Bien nobles est qui en soy a bonté,
Il n'est tresor qui a tel valeur monte,
Et en hault pris bien doit estre monté
Cil qui est bon; et aussi toute honte  
 Doit bien le mauvais avoir;
Pour tant, s'il a grant poissance ou avoir,
Ou que si bel soit que riens ne lui faille,
S'il n'a bonté, trestout ne vault pas maille. 

 
La première féministe française identifiée et estampillée est 
Christine de Pisan, 
née à Venise en 1364, fille de Thomas de Pisan (originaire de 
Pisano en Italie) astrologue, médecin et conseiller du roi Charles V 
(dit le Sage). 
 
 
 
Thomas de Pizan, fils de Benvenuto da Pizzano, fait des études médicales à l'université de Bologne.Lauréat, il obtient une chaire et y professe l'astrologie de 1344 à 1356. Ensuite, il part rejoindre son ancien camarade d'études, Thomas de Mondino, qui était au service de Venise. Il y devient, comme ce dernier, conseiller salarié de la République et épouse la fille de son ami dont il a trois enfants, deux garçons et une fille. Sa réputation est  grande et les princes qui s'intéressent à l'astrologie l'honorent de leur amitié.
Peu après la naissance de sa fille Christine , en 1365, il se rend à Bologne pour affaires et y reçoit des messages de Louis Ier le Grand , roi de Hongrie, et de Charles V , roi de France, qui lui font  des offres brillantes pour l'attirer auprès d'eux. Après de longues hésitations, il finit par choisir la France à cause de la personnalité de Charles V, de la renommée  de l'Université de Paris et de la splendeur de la cour française. Le roi lui fait  bon accueil et le prend à ses côtés en tant que conseiller. Conquis par sa science et ses précieuses connaissances, il ne veut pas le laisser repartir au bout d'un an et lui offre de payer le voyage de sa famille et d'aider à son entretien pour que celui-ci reste auprès de lui. Thomas hésite pendant près de trois ans, puis finit par accepter.
 

Sa femme et la jeune Christine, âgée seulement de cinq ans, magnifiquement parées de riches costumes vénitiens, arrivent au Louvre (1368) et sont  présentées au roi qui leur fait le plus gracieux accueil.

 Mariée à quinze ans à un jeune secrétaire du roi, elle connaît une vie conjugale réussie qui s'interrompt brutalement, dix ans plus tard, avec la mort précoce de son mari, emporté par une épidémie. La jeune veuve se retrouve assaillie par des créanciers, en charge de ses trois enfants, de sa mère, et d'une nièce.
Son chagrin persistant, le regret profond de la présence de son mari, la nécessité de survie la poussent au travail, retirée dans la "chambre à soi" dont elle dispose. "Seulette suis et seulette veuil estre". 


Poète, historienne, moraliste, elle devient la première femme de lettres à vivre de sa plume. Ses écrits se font nombreux à partir de 1399 : elle commence par ballades et rondeaux puis ressent le besoin d'écrits plus sérieux où souvent elle regrette l'absence des femmes dans le "débat" public. Ainsi, Le Chemin de longue estude...

La cité des Dames
  Le plus connu de ses ouvrages, le plus intéressant pour nous par la modernité de son argumentation et de ses formulations est La Cité des Dames (1404-1405). C'est un ouvrage de combat : Christine de Pisan veut lutter pour faire taire l'accumulation des préjugés misogynes ordinaires. Ses preuves en sont des personnages et des héroïnes.


Sa "forteresse" réunit les nombreux exemples puisés dans l'histoire (et la mythologie) qui prouvent que les femmes sont dotées d'une raison qui les rend dignes du politique, du guerrier, des arts, des sciences et de l'invention, d'une "droiture" qui contredit toutes les idées reçues sur leur indiscrétion, leur infidélité, leur faiblesse ou leur coquetterie, et qui prouve aussi que nombre d'entre elles ont mené une vie juste. Elle affirme clairement que les infériorités attribuées aux femmes sont une construction sociale, un fait d'éducation. "Si c'était la coutume d'envoyer les petites filles à l'école et de leur enseigner méthodiquement les sciences comme on le fait pour les garçons, elles apprendraient et comprendraient les difficultés de tous les arts et de toutes les sciences aussi bien qu'eux". Et elle se dit "navrée et outrée d'entendre des hommes répéter que les femmes veulent être violées... " Elle est la première, par ailleurs, à célébrer l'action de Jeanne d'Arc, dans le Ditié de Jehanne d'Arc, son dernier écrit, en 1430. 

Cette lucidité stupéfiante sur la condition des femmes est, bien sûr à replacer dans le contexte du début du XVe siècle. Christine de Pisan est une aristocrate, citadine, femme de cour, respectant les valeurs de son temps (la chevalerie et l'art de la guerre, la virginité, la sainteté...). Elle bénéficie de la protection des rois, des reines, des grands. Ses manuscrits, magnifiquement enluminés, entrent dans les bibliothèques princières. Sa réputation traverse le XVIe siècle, puis elle tombe dans l'oubli. 

Quand le XIXe siècle ressuscite le Moyen Age littéraire, elle reste ignorée ou dévalorisée comme toutes les femmes auteurs d'autres périodes. Gustave Lanson, historien de la littérature, a ce jugement caractéristique :"Bonne fille, bonne épouse, bonne mère, au reste un des plus authentiques bas-bleus qu'il y ait eu dans notre littérature, la première de cette insupportable lignée de femmes auteurs..." Nous commençons juste à la réévaluer.

Civisme et démocratie – CIDEM Les « Parcours civiques » - s
Gallica
Wikipedia 


jeudi 22 novembre 2012

De la musique avant toute chose...




Sainte Cécile

Carlo Saraceni,
  Venise 1579-1620

Bonne fête à toutes les " Cécile" musiciennes ou non ( la mienne est certes une artiste mais le solfège n'est en rien son domaine de prédilection :-)

et , bien sûr, à tous ceux qui ont une lyre dans le coeur, et dans l'esprit une musique qu'exécutent leurs actions ! *

*J.Joubert

lundi 19 novembre 2012

Une plaque de bons conseils (2)

Monsieur Pr fait savoir, sur ordre des excellentissimes Chefs de l’excellentissime Conseil des Dix, qu’il n’y a personne de quelque degré et condition qui ose jouer aux cartes, balla balon, pandollo, borelle ou à n’importe quel jeu qui se puisse imaginer, ni se comporter de façon scandaleuse à aucun moment, dans les « chiovere » de la vénérable école de San Giorgio Evangelista, qui ne tombera sous le coup de peines les plus grandes qui leur ( ndt : les « Chefs » précités) semblera.                       .
Et que la présente soit publiée et affichée dans les « chiovere » de façon que chacun en ait une connaissance claire.

1668, 10 septembre, publié dans le contrat écrit par moi
Iseppo Galleadi Comandeur
Cette plaque est située dans une calle à proximité des  Frari; calle parallèle à la calle de Le Chiovere




 CHIOVERE
Nom que l'on donnait au terrain sur lequel on faisait sécher les tissus de laine après la teinture. Probablement parce que l'on les suspendait à des clous (chiodi ou chiovi) fixés sur des planches. C'était aussi un espace utilisé pour les jeux de ballon et même pour les courses de taureaux. Cette appellation est présente en plusieurs endroit de la ville par exemple près de san Giobbe et près de San Girolamo


 Le Chiovere si trovano non lontane dalla Chiesa dei Frari verso la stazione. Le chiovere erano anticamente gli ampi spazi nei quali venivano posti ad asciugare i panni dopo la tintura, stesi tra lunghe corde sorrette da canne o bastoni. In quest'area vennero abbattuti i vecchi edifici al principio del XX secolo e costruite nuove case a partire dal 1909. Delle altre chiovere si trovano in una zona decentrata di Cannaregio, presso S. Girolamo.

 Pour ce qui concerne les restrictions, il s'agit bien sûr de la pratique de certains jeux qui demandent un espace certain et qui risquent de porter préjudice à l'environnement.
La balle, le ballon,...le pandolo , pour ce que j'en sais, ressemble beaucoup à ce que nous appelions dans nos province " le jeu de briche". Il s'agissait de frapper sur un bout de bois en équilibre instable  avec un autre morceau de bois afin d'envoyer le premier le plus loin possible
Quant au borelle, cette image vous parlera plus clairement. L'ancêtre du bowling? Je compte bien sincèrement sur le spécialiste Elio pour me corriger.




Un merci tout particulier à ELIO ( clic)  et à sa charmante épouse qui, avec beaucoup de gentillesse et de soin,  ont accepté de traduire pour nous le texte de cette belle plaque.


PS.Plusieurs plaques  préconisant d'autres judicieux  conseils se trouvent dans Venise.

 Sur la façade de San Stefano

Source: le Campiello(clic)




La plaque du campo San Zaccharia
 Photo de Martine "Per  l'amore di Venessia "
dont vous connaissez l'adresse :-)

dimanche 18 novembre 2012

Beau dimanche...en musique..





Annunzio Paolo Mantovani,
 mieux connu sous le nom de Mantovani
Venise le 15 novembre 1905 * 
Tunbridge Wells( Kent) le 29 mars 1980
compositeur, arrangeur et chef d'orchestre de musique légère 


Il a triomphé dans le monde musical londonien grâce à ses prestations au Queen's Hall et au Wigmore Hall, ainsi qu’en exerçant comme chef d’orchestre au Metropole Hotel.
Avec Cyd Charisse

Mon père était un fan passionné de Mantovani, aussi ai-je la chance d'avoir de très nombreux disques et enregistrements.J'aimais déjà beaucoup cette  musique d'ambiance et le fait que le compositeur  soit d'origine vénitienne n'est pas pour me déplaire..

Bon et doux dimanche à vous. 

Chez Paolin...