Ramo Cimesin |
Pierre blanche et marbre rose..la Vierge portant l'enfant Jésus, éclairée en permanence.
Un autel inauguré en 2007.
Les bonnes traditions sont pérennes
Francisco Pradilla |
Quand je m’arrête devant l’Exécution du doge Marino Faliero, d’Eugène Delacroix, je ne songe pas à l’habileté qu’a dû développer le peintre pour triompher de la difficulté d’un pareil sujet.Non, je suis tout à coup l’un des spectateurs. Du premier regard je saisis le calme effrayant et effrayé de tous ces personnages, je vois ce grand escalier de marbre, aux marches luisantes de soleil, et sur le palier de cet escalier, je suis attiré par ces porteurs des insignes royaux du doge, la grande robe de brocart garnie d’hermine, le bonnet ducal sur un coussin : on dirait qu’on attend le souverain ! Cependant, à droite, sur le devant de la balustrade, un homme sombre lève, d’un grand mouvement libérateur, une grande épée qui semble dire à une grande foule invisible et silencieuse : « Justice est faite. » Je ne vois pas la foule, je la devine à tous les regards fixes de ces personnages officiels qui, de haut en bas, plongent dans la cour, invisible elle aussi, et il y a un calme, une indifférence, une sorte de vengeance satisfaite dans ces regards, malgré leur impassibilité triomphante.Triomphante ? et de quoi ? – « Justice est faite ? » et sur qui ?C’est alors, alors seulement, qu’au bas de l’escalier de marbre, étendu de tout son long, sur un grand tapis noir, à demi affalé sur un billot, une main livide et crispée très en avant, c’est alors seulement que je vois un grand corps revêtu d’une tunique violet pâle. À côté, il y a debout, regardant aussi la foule, un bourreau coiffé de rouge. Je ne vois pas la hache, elle disparaît dans l’ombre du corps ; je ne vois pas la tête, elle est tombée de l’autre côté du billot ; je ne vois même pas l’horrible blessure, le cou brutalement tranché...Mais je vois dans le bas du tableau, bien en contrebas, une figure effarée, dont les yeux démesurément ouverts fixent quelque chose de terrifiant, dans l’ombre sanglante, derrière le billot.Elle est là, je le sens, la tête du doge Marino Faliero, et dans l’œil épouvanté du Vénitien, je la vois moi-même avec horreur Louis PERROY