vendredi 5 novembre 2010

Campiello del Piovan ( Castello)

 Combien de fois suis-je passée tout près de cet endroit sans le trouver? 
Je commençais à désespérer  puis, voilà... en septembre, sans le vouloir, je le découvre , ENFIN !


Chassées par la pluie diluvienne qui s'abat soudainement sur Venise, nous nous nous réfugions dans un petit resto de la Calle del Dose. Après notre repas,  nous reprenons notre promenade quand j'ai la curiosité de porter mes pas dans une petite calle, située , juste à droite , en sortant du resto et là, au bout,  bingo!



Les arbres ruissellent encore.Leur feuillage brille sous le soleil revenu.Des pigeons sont couchés à même le sol ( malades?) .Le beau puits cubique a servi de table à langer .Je suis bien obligée de faire le ménage si je veux faire une photo correcte et me voilà, un lange souillé à la main...me demandant quoi en faire. Je n'ai pas le choix, je le dépose délicatement dans un coin.( en râlant sec) .Je me dis que ce joli campiello aurait bien besoin du passage de l'équipe propreté .

Puisque je l'avais enfin trouvé, je me suis attardée un peu...
une petite visite, c'est ICI

Une clignète pour Enitram.....

 Photo: Solange ( 2005)

No comment !

jeudi 4 novembre 2010

Idylle vénitienne(2)

 Edmund TARBEL

Enfin!

Au travers des stores clos, l’aurore, goutte à goutte, filtre dans le sleeping…Sous les roues, le pont résonne. La première petite vague, contre la première pile, fait son bruit de jupe de soie ; le vent a l’odeur d ‘un flacon de sels…Voici la minute ineffable !

Allons…ta robe, ton chapeau, ton voile !…Non, pas de rouge à lèvres ! Ce serait trop long…Mords-les, simplement…Et ouvre la porte ! Assieds-toi dans le couloir du wagon, au bord de la vitre ! Et regarde…regarde !

-Venezia ! Ecco Venezia ! crie le steward, en montrant le côté du ciel d’où vient l’aube.

Un campanile grandit…Au-dessus de l’horizon rose, un vol de colombes, en cercle, tresse des couronnes blanches…Chargées de fleurs, des barques matinales glissent sur la mer  prisonnière.

Edouardo Dalbono

 Que c’est enivrant de vivre, et d ‘être jeune, et d’être jolie, et d’avoir soudain,- parce que la brise qui frôle tes tempes est la même qu’ont respirée George Sand et Bianca Capello,- comme un peu de liqueur dans l’âme !

La dernière arche…La gare est là…plus qu’un instant ! prends, dans ton sac d’or, la tablette d ‘ivoire sur laquelle, la veille du départ, tu as inscrit les quelques mots français qu’il faut connaître, quand on voyage. Repasse vite, à voix basse, ces tendres phrases essentielles : «  Vous me plaisez aussi ! », « Taisez-vous…Soyez sage ! » et «  Je t’aime »

On ne sait pas ce qui peut arriver.

Gabriel SOULAGES 


mercredi 3 novembre 2010

Pour une madonne dans un jardin...


""Mes préférences iront toujours à la Madonna dell'Orto, 
la paroisse du Tintoret."

"Il faut , venant de la fondamenta de la Miséricordia, 
un pont franchi, emprunter la Calle Larga dei Mori (...)



 


pour découvrir la façade décorée de statues qui se détachent sur un noble parvis fait de jeux géométriques de briques vernissées.


 Les richesses de la  Madonna dell 'Orto ne se comptent plus.


 
Un Bellini d'une grâce incomparable fait  rêver les copistes du dimanche.**

Un Daniel Van den  Dyck pare un autel( Le martyre de Saint Laurent).

Les Tintoret sont autant de joyaux.

Sur la vaste fresque de l'Adoration du veau d 'or, l'artiste s'est portraituré  avec quelques-uns de ses plus fameux émules,  Giorgione, le Titien, Véronèse ces deux derniers qui lui reprocheront des les avoir artificieusement supplantés pour la décoration de la Scuola  Grande de San Rocco.


La présentation de Marie au temple est un triomphe de mise en page.
Le jugement dernier pourrait être signé Michel Ange.




C'est dans cette église qu'a voulu reposer pour l'éternité, sous une simple dalle dans la chapelle droite du choeur, le peintre que je considère, après le Titien mais avant Véronèse, comme le plus grand maître de Venise.

 Jacopo ROBUSTI dit el Tintoretto
 


Fernand DESONAY .Air de Venise


Au dessus du portail de l'ancienne Scuola dei Mercanti , une magnifique Vierge de la Miséricorde avec l'Enfant, vénérée par les confrères de la Scuola. Elle est entourée par saint François et saint Marc.
 



et vue depuis la lagune


** le Bellini a été volé pour la troisième fois en 1993 et depuis...


La première église fut élevée vers le milieu du XIV ème siècle par Marco Tiberio de Parme, général des Humiliés.Elle était dédiée à Saint Christophe et un monastère la jouxtait. Cette église  fut ensuite appelée " della Madonna dell'Orto "car on y installa une statue de la Vierge qui avait été trouvée dans un jardin voisin.
En 1399, l'église menaçait ruine et le Grand Conseil alloua 200 ducats d'or pour la reconstruire. Chassés de leur couvent en raison de leurs turpitudes les Humiliés furent remplacés par des Chanoines séculaires de San Giorgio in Alga ( 1462) Le monastère fut reconstruit et l'église prit la forme que nous voyons aujourd'hui.La façade est probablement celle d 'origine. les Chanoines furent remplacés par les moines cisterciens de San Antonio à Torcello.Par après l'église passa sous une gestion publique., transformée en oratoire(1810) et restaurée ensuite aux frais du gouvernement autrichien. Les soldats ,eux, l'utilisèrent comme dépôt pour la paille.


** sur le campo, les briques vernissées sont placées selon le principe des écailles de poissons.





mardi 2 novembre 2010

Sérénade vénitienne


 Frank Cadogan Cowper.
 ""Ladies"" vénitiennes écoutant la sérénade.

Les donneurs de sérénades
Et les belles écouteuses
Echangent des propos fades
Sous les ramures chanteuses.

C'est Tircis et c'est Aminte,
Et c'est l'éternel Clitandre,
Et c'est Damis qui pour mainte
Cruelle fait maint vers tendre.

Leurs courtes vestes de soie,
Leurs longues robes à queues,
Leur élégance, leur joie
Et leurs molles ombres bleues

Tourbillonnent dans l'extase
D'une lune rose et grise,
Et la mandoline jase
Parmi les frissons de brise.

Paul VERLAINE

lundi 1 novembre 2010

Prière d'eau et de vent...

Canaletto. San Cristoforo, San Michele et Murano


Campo santo
prière d 'eau et du vent
barque d'or
deuil dans le soleil
vive lumière de la mort
 musique et chant.

Marcelin PEYNET.L'amour vénitien.



Caspar Andriaans van Wittel

Personne n'a pu la voir quand elle a traversé le ciel éclatant
Sur l'île aux morts et l'eau rongée par la lumière.

Mais quand le premier soupir du jour épuisé
Annonce les douceurs du soir
Son écharpe safran traîne à n'en pas finir
Au plus haut du vide bleu.
Claude AVELINE

dimanche 31 octobre 2010

L'île aux cyprès



Couronné de cyprès plus moutonnants que les courtes vagues, le cimetière de Venise flotte sur les eaux. Le suprême passage dans la nef du nautonier n'est plus, ici, une fable.
On peut la voir d'ailleurs , chaque jour, cette barque de Charon, sous la forme d'une gondole décorée d'angelots baroques et de larmes dorées, les huit rameurs vêtus de noir répartis de part et d 'autre du catafalque.

San Michele, l'île aux dizaines de milliers de tombes, se détache rose et blanche, sur la lagune septentrionale, en face des Fondamente Nuove (...)


Sur la porte large ouverte du monastère, un jeune franciscain contemple la lagune où tournoie un vol de mouettes.
Venise vit là, respire là, de l'autre côté de la barrière d 'eau...

Fernand DESONAY, Air de Venise