jeudi 3 novembre 2011

Femene che le lava...

Frank DUVENECK.Venise, 1885

Femene che le lava 

Tute le femene le va dó al lavador : 
no l’é’n mistier’sto qua 
ma l’é’n destin, cofà l’amor 
o’n fiól, o la só ora co la vien. 
La va dó l’ora e la lava 
co l’acqua che la fila via, 
l’acqua che anca de’sta vita 
e no sol de’st póche nostre robe 
la ne fa pulizhia 
...



Pietro LONGHI



Donne che lavano 

Tutte le donne si recano al lavatoio : 
non è un lavoro codesto,  
é un destino come l’amore 
o un figlio, o come l’ora nostra quando viene. 
Va giù l’ora e lava 
con l’acqua che fila via,  
l’acqua che anche di questa vita 
e non solo di questi nostri pochi indumenti 
ci fa pulizia. 


Frank DUVENECK

Les lavandières 
Toutes les femmes vont au lavoir : 
ce n’est pas un devoir 
mais un destin 
comme l’amour ou un bambin, 
ou comme notre heure quand elle vient. 
L’heure s’écoule et lave, 
avec l’eau qui s’enfuit, 
l’eau qui de cette vie aussi, 
et non seulement nos quelques habits 

nettoie.  



Andrea Zanzotto, 
Idiome, traduit de l’italien, du dialecte haut-trévisan (Vénétie) 
 par Philippe di Méo,



Andrea ZANZOTTO vient de nous quitter.
C'était l'un des plus grands poètes du Vénéto, si pas le plus grand. 
Je vous en parlerai prochainement et  plus longuement  à propos
d'un de ses textes dédié à la Sérénissime




mercredi 2 novembre 2011

San Michele... "un paradis baudelairien"...

 Photo: Justine :-)



Le grand mur décoratif qui ferme de tous côtés l’île de San Michele, devenue cimetière municipal, a tout l’air de celui d’un sérail ou palais de sultan, et l’on s’attend à voir des voiles de houris flotter par dessus les crêtes. Ce champ de repos l’est vraiment et n’a rien des sinistres nécropoles de nos banlieues.
Rose et noir, il a l’air de flotter sur les eaux de jade de la lagune et d ‘emporter lentement son monde vers un paradis baudelairien. 







Les plus opulentes familles  vénitiennes ont à San Michele leur concession à perpétuité, depuis qu’on leur refuse d’être ensevelies dans les églises. 



Leurs mausolées s’alignent au milieu d’une véritable forêt de majestueux cyprès qui déversent sur les marbres leur ombre et leur parfum de résine.(…)



On aurait donc tort, à plus d’un titre, de ne pas débarquer dans cet îlot qui n’a rien de funèbre et dont quelques monuments de vanité posthume ont de quoi réjouir amateurs de burlesque. 




Pour les autres, les deux églises et le cloître du XVe siècle, avec ses chapiteaux imaginatifs, valent une visite attentive.








Merci à Didoom dont les photos m'ont permis d'illustrer ces quelques lignes de 
"Intimité de Venise".A.t' Serstevens

mardi 1 novembre 2011

San Michele...et son pont vôtif

Photographies du studio Carlo NAYA, vers 1900
Ce pont flottant, très particulier, était aménagé sur la lagune le Jour des Morts et menait à l'île de San Michele.
Des constructions comme celle-ci, où le pont flottant est posé sur des bateaux attachés les uns au autres, se voient encore, aujourd’hui; en juillet,  lors des fêtes du Redentore, et en novembre pour la fête de la Salute





Hieme et aestate
et prope et procul
usque dum vivam et ultra
** 

"En hiver et en été,
et de près et de loin,
en attendant que je vive et au-delà…
**
D’inverno e d’estate, da presso e da lontano,
sin ch’io viva e più in là”



dimanche 30 octobre 2011

Le capitello de san Pietro

Photographie  de Tommaso  FILIPPI, vers 1895.In " VENISE,photographies anciennes.1841-1920 

A l’autre bout du pont ( Quintaval) on suit un instant une fondamenta qui semble là tout exprès pour nous mener à l’une de ces nombreuses escales de piété que Venise offre un peu partout aux dévots : un tabernacle carré rempli par un harmonieux bas-relief de marbre où l’on voit la Madone, le Bambino sur les genoux, remettant les clés de l’Église à saint Pierre, déjà coiffé d’une tiare pontificale.

Rien ne prédisposait cet humble carrefour d’une fondamenta avec une ruelle villageoise à la mise en place, à cet endroit précis, d’une aussi belle oeuvre, car il ne doit pas  passer devant elle  trente personnes par jour. 

On l’a installée là comme on l’aurait fait ailleurs, parce qu’elle était belle et qu’elle exprimait un sentiment religieux envers le patron du quartier.

Le tabernacle est à demi fermé par un treillage, non pour le protéger mais pour maintenir les petits vases à fleurs rangés à la base du relief, et deux fillettes qui apportent des fleurs fraîches s’efforcent d’atteindre les vases, l’une soulevant l’autre dans ses bras. 

Nous les hisserons toutes deux jusque-là, leurs rires aussi frais que leurs bouquets, et je crois bien que la Madone a caressé leurs cheveux, car il n’est que de rêver pour voir s’accomplir un miracle.

  Intimité de Venise. A.t’Serstevens














Depuis, bien sûr, la maison a été restaurée. 
Le capitello est toujours bien protégé mais il a perdu,
semble-t-il ses couleurs.