Richard MILLER
XIV. Les chastes Oaristys
Elle vient chaque après-midi, quitte son chapeau, s’installe…Elle farfouille mes tiroirs ;elle tripote les flacons, dans mon cabinet de toilette…Elle sourit aux glaces de mon studio, respire mon rosier nain, caresse l’Apollino d’albâtre qui minaude à l’angle de ma table…Elle se blottit contre mon épaule ;elle fredonne de petites airs rafraîchissants, du Lulli candide, du Bach sédatif, du Rameau cristallin et virginal ;elle dit : »On est heureux, n’est-ce pas ? C’est si gentil l’amour platonique ! » ;et de temps en temps, pour me distraire, elle me prête sa bouche, ou son front, ou ses épaules, ou- une minute, rien qu' une minute ses seins.