Lovis CORINTH
Bravant le sourire du portier, du lift et des caméristes, j’étais monté jusqu’à sa chambre…Un petit rhume, depuis la veille, la tenait couchée…Comment vit-on un jour sans la voir !
-Partez vite ! je vous en supplie, partez vite ! hoquetait-elle, tandis que je baisais son front, ses cheveux, ses tempes…Partez vite !…Il n’est allé qu’à Padoue, en auto…il a dû prendre le train à Mestre, pour rentrer, le train de trois heures…Il arrivera dans cinq minutes !
Mais je m’étais assis au bord de son lit, je furetais dans ses dentelles, je lui parlais à voix basse.
-Écoute…écoute…chuchotais-je…Écoute…Laisse-moi t’expliquer…
-Vous n’y songez pas ! Vous devenez fou !…Ici ?…Ici ?..
Vous auriez cette audace ?…d’ailleurs, le voilà…le voilà ! J’entends des pas dans le couloir !
Et l’on a frappé à la porte.
-Un télégramme, signora ! criait un groom dans la serrure.
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La dépêche ouverte, le bambino reparti, elle a battu des mains, joyeuse ;elle a mis ses bras autour de mon cou.
-rRgardez…regardez ! disait-elle. C’est de lui…c’est de mon mari…regardez : « Une panne. Ne rentrerai que… »
Et nous ne lûmes pas plus avant.