jeudi 13 décembre 2012

El Cardellino




Raphaël.1483-1520.ce tableau a été récemment restauré.
Le chardonneret, petit oiseau familier, figure sur beaucoup de toiles à caractère religieux.  


 Dès le XIIIème le chardonneret figure  déjà comme symbole de la Passion, avec son front taché de sang et son goût pour les fleurs de chardon, plante très acérée qui renvoyait symboliquement son image à la Couronne d'épines. On rapporte que le petit passereau voyant le Christ souffrir sous sa couronne  tenta d'extraire les pointes aiguës qui mortifiaient la tête du fils de Dieu. Eclaboussé par ce sang précieux, le Chardonneret reçut en partage pour lui et ses descendants de conserver cette couleur rutilante qui avec le reste de son éclatant plumage roux jaune et noir en fait un des plus jolis oiseaux de nos pays (Marcel Ruelle, Monographie : Le chardonneret élégant).



Angelo di Cosimo ou Agnolo di Cosimo(Florence 1503-1572) dit aussi il Bronzino,.

Il a partiellement inspiré à Hans Christian Andersen le conte Le Sanglier de bronze où l'un de ses tableaux est mis en scène.

Son disciple et fils adoptif,Alessandro Allori, était également surnommé "il Bronzino".







 Federico Barocci, Italian, c.1533-1612;
 La Madonna del Gatto 


C'est ce tableau de Barocci qui m'a donné envie d'aborder le sujet.Je trouvais la scène à la fois amusante et émouvante et puis, il y avait cet oiseau  que Jean-Baptiste tient en main, hors de portée du chat qui est très intéressé.
Vous le savez, Google est une source intarissable de richesses, une recherche en amène une autre , des pages s'ouvrent qui nous emmènent d'un bout à l'autre de la planète. 
 Des textes, des images à foison...mais il faut choisir.
Je me suis laissée guider par 
" le chardonneret-le cardellino- the goldfinch" 
et voici mon choix forcément limité. 
Serez-vous surprises si je vous dis que ma préférence va au Raphaël?
Le Bronzino est beau aussi mais  la carnation des enfants est un peu " pâle"
Le plus doux est le Barocci. 


Paolo Veronèse.1528-1588.

Le Véronèse est bien dans les tons, tout comme le Cima da Conegliano.

D’après une autre version, la présence du chardonneret aurait toutefois un caractère plus réjouissant. Un extrait d’Evangelium Infantiae Arabicum (l’évangile apocryphe de Pseudo-Matthieu, VIe siècle)raconte une histoire de l’Enfant Jésus qui en jouant avec un oiseau en argile lui donna miraculeusement la vie.

Cima da Conegliano, né Giovanni Battista Cima.(1459-1517)


 L’art médiéval a  souvent recours aux apocryphes qui nourrissent et animent l’imagination des artistes. Le thème de la Vierge au chardonneret proviendrait  de la sculpture gothique française.Cette figuration s’implanta ensuite dans la peinture italienne du Trecento, pour se répandre enfin sur le territoire de l’Europe centrale .



Biagio d'Antonio da Firenze ca.1445-1510

J'ai retenu l'atmosphère dorée du Biagio d' Antonio.
Quant aux Crivelli, je les aime beaucoup tant ils recèlent de symboles dans leur naïveté colorée

 Carlo Crivelli (1435-1495)

Puisqu'il symbolise la passion, le chardonneret est aussi considéré comme un oiseau « sauveur » ... par rapport à la mouche  qui, elle,  représente le péché et la maladie.

Carlo Crivelli(Venise)


Lazzaro Bastiani (ou Sebastiano).Venise 1430-1512.
Ce tableau de Bastiani  est une découverte quant au Tiepolo....


Tiepolo (Venise)

Il y aurait beaucoup à dire encore et bien des tableaux à proposer. J'ai à peine amorcé le sujet.
A vous de continuer la promenade..si vous le souhaitez.
 Belle fin de semaine à vous!



The goldfinch:
Because of the thistle seeds it eats, in Christian symbolism the Goldfinch is associated with the Passion and Christ's Crown of Thorns. The Goldfinch, appearing in pictures of the Madonna and the Christ Child, represents the foreknowledge Jesus and Mary had of the Crucifixion.
Examples include the Madonna del cardellino or Madonna of the Goldfinch, painted (c. 1505-1506) by the Italian renaissance artist Raphael, in which John the Baptist offers the goldfinch to Christ in warning of his future.
In Barocci's Holy Family a goldfinch is held in the hand of John the Baptist who holds it high out of reach of an interested cat.
In Cima da Conegliano's Madonna and Child, a goldfinch flutters in the hand of the Christ Child.
It is also an emblem of endurance, fruitfulness, and persistence. Because it symbolizes the Passion, the goldfinch is considered a "saviour" bird and may be pictured with the common fly (which represents sin and disease, see Carlo Crivelli’s “Madonna and child” from the MET). During medieval times, this bird was used by some as a charm to ward off the plague.(SOURCE )

mercredi 12 décembre 2012

La sage-femme de Venise


« L’histoire des femmes est en grande partie écrite
sur l’eau, dit Roberta Rich à propos de ce qui l’a
motivée à créer son héroïne après avoir visité le
ghetto juif pendant des vacances à Venise. Leurs
réussites disparaissent en douce, comme une
pierre lancée dans un étang. Les créations des
femmes sont éphémères : elles préparent les
repas,
reprisent, lavent et vendent des vêtements
(car l’un des métiers qu’on accordait aux Juifs, à
l’époque, était le commerce des vêtements d’occasion).
Elles procréent, mettent des enfants au
monde et les élèvent. Après ce voyage, je me suis
mise à lire tout ce que j’ai pu sur la vie quotidienne
dans le ghetto. Il y a bien peu. Surtout à
propos de la vie quotidienne
des femmes et de
la façon dont elles accouchaient. Ce livre est une
façon d’imaginer toute cette histoire invisible. »
 ****


Venise 1575. Hannah Levi est réputée dans toute la ville pour ses talents de sage-femme – un don développé en secret par les « cuillers d’accouchement » qu’elle a mises au point. Quand par une nuit d’hiver, le comte Paolo di Padovani vient l’implorer d’assister sa femme, luttant pour donner naissance à leur premier enfant, Hannah est partagée. Si la loi interdit aux juifs de soigner les chrétiens, l’argent que le comte lui propose lui permettrait de payer la rançon de son mari bien-aimé, Isaac, retenu en otage sur l’île de Malte. Le choix d’Hannah va la précipiter dans de périlleuses aventures…

****


J’ai terminé ma lecture.:-)

L’auteur nous confie que ce livre lui a été inspiré par un séjour à Venise et une longue halte dans le ghetto. Une halte qui l’a  amenée à se pencher sur l’histoire de cet endroit de Venise qui a longtemps généré  des remarques le plus souvent-pour ne pas dire toujours- cruelles  et insultantes ;les juifs étant considérés comme source de toutes les avanies et des malédictions les plus cruelles.

Ceci dit, c’est une belle histoire : deux existences qui durant une année s’écoulent en parallèle, mari et femme ayant été cruellement séparés .Si le destin d’Isaac est tourmenté, c’est surtout l’ histoire de sa femme qui nourrit le roman.





Venise.1575 

« «  Ma femme est en couches depuis deux jours et deux nuits. Les draps sont ensanglantés et l’enfant tarde à naître…Je ne sais plus vers qui me tourner. » »



Hannah est une femme courageuse, généreuse , pénétrée de sa religion mais aussi pétrie d'humanité et d'empathie. Mettre des enfants au monde est une tâche ,  délicate et même très dangereuse, quand on sait que deux vies sont en jeu.A fortiori quand on est juive et que l'on vit à Venise où les " Bocche di Leone "ont tout à dire.. 

A l’ère de la péridurale, on a oublié les dangers encourus par les femmes en gésine; les naissances compliquées amenant   parfois les sages-femmes à  faire des choix  toujours dramatiques.


Hannah est aussi une femme  inventive, elle a mis au point ses » cuillers » qui sont, je ne crois pas me tromper, une  évocation des forceps ou autre spéculum d’aujourd’hui.

 Frappées d’interdiction,  les sages-femmes juives ne peuvent aider à la venue au monde des enfants chrétiens, et pourtant  un noble vénitien n’hésite pas à braver  la loi …sa femme est au plus mal, l’enfant à naître est un espoir auquel il faudra s’il le faut….



La valette.1575.

Isaac a parié avec le destin et il a perdu. » Il avait lourdement emprunté pour acheter un entrepôt plein de soie qu’il voulait revendre à Constantinople. Avec les profits, ils envisageait d’acheter des épices pour les négocier à Venise.


 Mais les Chevaliers de Malte  s’ils furent des chevaliers servants furent aussi de bien redoutables chevalier des mers.. » Arborant cœurs et crucifix, éclatant de haines envers les infiidèles et de cupidité devant leur riche cargaison vénitienne, {-----}ils attaquaient non seulement les navires des infidèles ottomans, mais aussi les vaisseaux chrétiens, saisissant leurs cargaisons et réduisant à l'esclavage tout le monde à bord, riches ou pauvres, marchands ou serviteurs, femmes ou enfants. Ils se disaient chevaliers, mais en réalité ils étaient pirates, devenus riches au moyen de crimes sanctifiés au nom de la sainte croisade."



L’écriture élégante coule de source qui parle de la richesse des palais mais  qui évoque aussi la saleté et la  puanteur des villes à cette époque, avec leur population pauvre vivant dans des conditions précaires,  l’hygiène qui laisse à désirer,la peste  toujours à  l’affût, .Les odeurs envahissent les pages surtout quand il est question des boutiques de teinturiers où l’on utilise l’urine de mouton , les animaux qui polluant autant que les humains.



Hannah, la juive, est une héroïne comme on les aime. C’est elle   qui porte le roman et nous transporte ,nous, depuis la première ligne jusqu’à la dernière, celle de l’accomplissement, celle qui nous laisse aussi sur l’envie de connaître la suite …celle où nous retrouverions  Hannah, apaisée, amoureuse, fidèle à  ses convictions , désormais pleinement et sans ostracisme à l’écoute des femmes trop souvent victimes de leur fertilité.


Ce livre se lit avec plaisir, avec émotion aussi pourquoi pas ?

mardi 11 décembre 2012

lundi 10 décembre 2012

Gaspare GOZZI


Gaspare Gozzi,  
Venise 4 décembre 1713, Padoue 26 décembre 1786


Gasparo GOZZI fut le premier en Italie à donner la  forme et l'aspect du journal moderne à la presse périodique.Publiée à partir du 6 février 1760 par l'éditeur Pietro MARCUZZI, la Gazette sort deux fois par semaine, le mercredi et le samedi ( l'abonnement annuel coûte un sequin, et chaque numéro 5 sous.

"Fondateur et rédacteur de 1760 à 1762 de la Gazzetta veneta et de l'Osservatore veneto,il y
 dévoile une grande curiosité pour le quotidien et un goût de la chronique humoristique, qui l'apparente à Goldoni.

Sur la page titre du journal, sous la devise IPSE ALIMENTO SIBI,(qui s'alimente soi-même) un ourson suçant sa patte droite et tenant l'autre posée sur un tronc d'arbre pour signifier que la Gazette se nourrissait de ses propres nouvelles et ne cherchait pas loin ses ingrédients.

 La maison natale près du Campo San Tomà
Le siège de la Gazette, une porte seule avec sonnette, se trouvait à San Polo , dans la calle de Cà Bernardo. A ses débuts,le quotidien était vendu dans certaines librairies et dans les cafés dont le" Florian". C'est d'ailleurs dans cet univers feutré que Gozzi s'installait pour observer les habitudes des Vénitiens  afin d'en" nourrir" les pages de sa Gazetta. En effet, nouvelles et commérages  allaient bon train , il lui suffisait de tendre l'oreille.

DOMUM QUAE GASPAREM GOZZIUM V.C.
VAGIENTEM EXCEPIT
HOSPES
SALVERE JUBETO



La vie et l’œuvre de Gasparo Gozzi s’inscrivent dans le vif de la culture vénitienne de la seconde moitié du XVIIIe s., qui, sous le signe d’un illuminisme modéré, concret, individuel et quotidien, trouva son expression la plus nuancée dans le journalisme. Issu d’une famille à demi ruinée par la crise économique qui affectait alors la petite noblesse, Gasparo entreprend, après des études de droit et de mathématiques, une carrière de polygraphe, d’éditeur et d’imprésario théâtral avec la collaboration de sa première femme, la poétesse Luisa Bergalli (1703-1779), non sans de fréquents revers de fortune le contraignant à d’humbles fonctions de précepteur, voire de copiste à la librairie de Saint-Marc. Adaptateur d’ouvrages théâtraux étrangers, auteur de médiocres comédies (Il Filosofo innamorato, Esopo alla corte, Esopo in città), puis de drames (Enrico Dandolo, Marco Polo, etc.), traducteur-vulgarisateur de Daphnis et Chloé et de Lucien, poète satirique (Rime piacevoli, 1751), épistolier (Lettere diverse, 1750-1752) et polémiste littéraire (Difesa di Dante, 1757), il donne sa pleine mesure de styliste raffiné et de moraliste dans son œuvre de journaliste, au cours des deux années où il fonde et rédige successivement le Mondo morale, la Gazzetta veneta (bihebdomadaires, févr. 1760 - janv. 1761) et L’Osservatore veneto periodico (bihebdomadaire, puis hebdomadaire, févr. 1761 - août 1762). C’est dans ces deux dernières feuilles surtout qu’il donne libre cours à sa curiosité du quotidien et à son goût de la chronique humoristique, avec une verve qui l’apparente à Goldoni*, dont plusieurs comédies sont d’ailleurs commentées par la Gazzetta avec justesse et sympathie, tandis que l’écriture de L’Osservatore, plus littéraire et moins liée à l’actualité, se rattache à une tradition allant de Théophraste et Lucien à La Bruyère. Dans les Sermoni en vers (1745-1781), la satire de la société vénitienne tourne au maniérisme et reflète le progressif repliement sur soi, dans l’amertume et la désillusion, de Gasparo, qui, affligé d’une grave maladie nerveuse, tente même, en 1777, de se suicider. Il ne lui reste désormais, pour tromper le radical pessimisme de ses dernières années, que la sollicitude affectueuse d’une seconde épouse et l’activité pédagogique qu’à partir de 1764 il déploie à la surintendance des Études de Padoue et dont plusieurs traités antérieurs développent les judicieux principes : Riforma degli studi (1770), Delle scuole di Venezia da porre invece di quelle de’Gesuiti (1773) et Sopra il corso di studi che piu convenga all’Accademia della Zuecca in Venezia (1775).

 Pour rappel, Gaspare GOZZI fut marié à la poétesse Luisa BERGALLI(clic)



Oratorio della Scoletta del Santo - 
Sant'Antonio di Padova.




dimanche 9 décembre 2012

Visitation..(2)





 Raphaël


Le tableau a été commandé par Giovanni Battista Branconio dell' Aquila , ami de Raphaël, à la demande de son père Marino Brancantonio afin de décorer la chapelle familiale de l'église San Silvestre de l'Aquila (L'épouse de Marino s'appelait Élisabeth). Un dessin de l'étude préparatoire de la tête de sainte Élisabeth conservé au Louvre constituerait une preuve de l'intervention directe de l'artiste sur la peinture. Le tableau a été prélevé en1665 lors de l'occupation par les troupes de Philippe IV d'Espagne  et placé dans la résidence royale de l' Escurial

En 1813 elle fut portée au Louvre et rendue à Madrid en mauvais état ce qui nécessita de transférer la peinture sur toile avant de rejoindre en 1837 définitivement le Musée du Prado. Une copie est visible dans l'emplacement original de la chapelle de l'église San Silvestro à l'Aquila.**( Wikipedia)



  Luca GIORDANO
Le mariage de la Vierge


Le lien entre ces  trois tableaux est ,bien sûr, le manteau bleu de la Vierge.  La peinture de Giordano ne correspond pas vraiment à mes goûts et de ces  deux tableaux-ci , je préfère de loin " Le mariage de la Vierge". J'y vois une jeune femme  aux prises avec une intense émotion que ses joues rosies  expriment  malgré elle  .

Cette émotion et cette humilité,  je les retrouve sur le visage  de la Vierge de Raphaël, jeune femme épanouie , et comme à l'écoute  de cette vie intérieure  qui la bouleverse.
Elisabeth l' accueille avec tendresse .Une sincère empathie  se lit  sur son visage.
Ces deux femmes ont en commun l'attente d'un enfant dont le destin sera exceptionnel.




**Le 6 avril 2009, L'Aquila et ses environs ont connu un violent tremblement de terre qui fit de nombreuses victimes La ville a été partiellement détruite, le centre médiéval se transformant notamment en un « champ de ruines ».


Beau et bon dimanche à vous qui passez!