Gabriele Giolito de' Ferrari (ca 1508 – 1578)
est un imprimeur vénitien et un des imprimeurs les plus importants de la littérature en langue italienne du XVIe siècle
Il
est né dans la première décennie du XVIe siècle à Trino près de
Vercelli, fils de Giovanni Giolito l’aîné et de Guglielmina
Borgominieri. Il devait être l’aîné ou celui que le père avait choisi
pour transmettre l’atelier d’imprimerie.
Suivant son père entre le
Piémont et Venise, il s’installe avec lui à Venise en 1523. Ses
connaissances en matière d’imprimerie sont alors suffisantes pour que
son père le laisse à Venise et reparte vers Turin.
En 1523,
il fonde avec son père la Libreria della Fenice, à l’enseigne du
Phénix,( près de San Aponal) à la fois atelier d’imprimerie et magasin au Rialto de Venise.
A la suite des problèmes de la succession de son père, en 1545-1546 et
pour assainir sa situation, il fonde avec ses frères et demi-frères :
Francesco, Bonifacio et Giovanni Christoforo une société commerciale et
éditoriale « Appresso Gabriel Giolito de’ Ferrari e fratelli » (Presses
de Gabriel Giolito de' Ferrari et de ses frères) qui durera jusqu’en
1556.
Son activité s’était déjà beaucoup développée et il avait hérité
de l’entreprise paternelle et de la marque au phénix renaissant de ses cendres avec
les initiales G.G .F. avec diverses devises :
« De la mia morte eterna
vita io vivo »,
« Semper eadem »,
« Vivo morte recepta »
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B.Castiglione par Raffaelo Sanzio |
Dès le début
de son activité, il se place sur le plan littéraire et publie : les Dialogi piacevoli et Il Petrarchista de Nicolo Franco,
mais également Le Courtisan (Il Cortegiano) de Balthazar Castiglione.
L’année suivante, il fait paraître un Décaméron et un Orlando Furioso
orné de gravures sur bois.
En 1544, il épouse Lucrezia Bin
dont la dot lui permet d’investir dans de nouveaux caractères
typographiques. Il en aura 12 enfants. Son officine devient alors une
des plus réputées de Venise, notamment pour ses nouveautés. Il est le
meilleur représentant du renouvellement de la typographie vénitienne
dans le sens de la légèreté et de l’élégance.
Cultivé, il reçoit dans
son atelier une élite composée de : l’Arétin,
Ercole Bentivoglio,
Bernardo Tasso,
Guido Landi, Ortensio Lando. Nicolo Franco.
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Bernardo Tasso |
IL entreprend alors de publier des ouvrages en langue vulgaire italienne :
entre 1522 et 1560, il publie 22 éditions des Rimes de
Pétrarque, 28 de l’Orlando furioso du Tasse, 9 du Décaméron de Boccace. Il publie 2 fois Dante, la première fois avec son père
en 1536 avec des gravures d’après des dessins de Botticelli, la seconde
en 1555, (éditée par Lodovico Dolce) avec le titre de Divine comédie. En
1557, il fait paraître la Libreria de Doni, premier essai de
bibliographie italienne et en 1552-1553, une douzaine de livres
espagnols.
Il change d’orientation dans la seconde moitié du XVIe siècle car
le contexte s’est modifié (restauration catholique à la suite du
concile de Trente, publication du premier Index), il abandonne alors
les publications littéraires et imprime des ouvrages de dévotion et des
traductions des auteurs grecs et latins.
Il a alors l’idée, en avance
sur son temps, de fonder une collection , la « Collana istorica » qui a
pour ambition de publier tous les historiens grecs, latins et italiens,
dont l’éditeur sera Tommaso Porcacchi, mais il ne réussit pas à terminer
l’entreprise à cause de la peste qui sévit à Venise peu avant sa mort.
En matière de livres de dévotion, il entreprend également une sorte de
collection religieuse : la « Ghirlanda spirituale ». Le premier volume
qu’il fait paraître est un recueil des Oeuvres du dominicain
Louis de Grenade en 1568.
Ses impressions sont célèbres pour leur
qualité, leurs lettres ornées presque toujours parlantes, et les
gravures sur bois.
Ses gravures sur bois pour illustrer l’Orlando
furioso, le Décaméron, les Rimes de Pétrarque sont louées par le
critique d’art Vasari..
Parmi ses plus belles éditions typographiques
on peut citer : les Lettres de Cesare Tolomei (1547) in-4°,
l’élégant Ane d’or d’Apulée en 1550, les Métamorphoses
d’Ovide, traduites par L. Dolce en 1553, illustrées de 95 vignettes.
Entre
1555 et 1560, l’atelier voit sa production baisser en qualité mais non
en quantité. En effet les années 1566 et 1567 sont les années de plus
forte production. La librairie de la Fenice reste au cœur de l’activité
de la cité vénitienne.
Elle possède des succursales à Naples, Bologne et
Ferrare, et est en relation avec des libraires italiens à Mantoue et en France surtout avec Guillaume Rouillé de
Lyon.
Gabriel Giolito de’ Ferrari
survit à la grande peste vénitienne de 1575-1577,
mais meurt à Venise au début de l’année 1578.
Ses
contemporains le placent au même rang que son compatriote Alde Manuce.
Ses ouvrages ont été très vite collectionnés par les bibliophiles et
certains sont très rares, de son "Indice dei libri prohibiti , il
ne reste aucun exemplaire.
Ses presses seront reprises par ses fils Giovanni le jeune et Giovanni Paolo qui continuent à publier jusqu’en 1606.
avec le précieux concours de la documentation Google Books
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