mercredi 24 septembre 2014

Una divina marchesa...






Luisa Adele Rosa Maria von Amann est née à Milan en 1881. Elle est la plus jeune fille d'Alberto von Amann, d'origine autrichienne, et de sa femme Luisa Bressi, d'origine italienne et autrichienne. Le père de Luisa est faitcomte par le roi Humbert Ier d'Italie. La comtesse Amann meurt alors que Luisa a treize ans, et le comte Amann meurt deux ans plus tard. Ce double décès fait de Luisa et de sa sœur aînée Francesca (1880-1919, mariée à Giulio Padulli) les deux femmes les plus fortunées d'Italie.



En 1900, Luisa épouse Camillo, Marquis Casati Stampa di Soncino (né le 12 août 1877 à Muggiò et mort le 18 septembre 1946 à Rome). Un an plus tard naît leur unique enfant. Les époux Casati vivent dans des résidences séparées durant la totalité de leur mariage. Ils se séparent légalement en 1914, et leur mariage prend fin à la mort de la marquise.


A.Martini( 1925)


La marquise Luisa Casati est une grande figure de la société européenne du début du xxe siècle. Elle a marqué son temps par ses extravagances, son allure théâtrale et son goût pour les sciences occultes ; donnant de grands bals masqués placés sous le signe du faste, elle a côtoyé ainsi à la fois le milieu mondain et les artistes d'avant-garde. Ses excentricités et sa beauté lui forgèrent une réputation de femme fatale et contribuèrent à sa célébrité. Elle devint une légende parmi ses contemporains, notamment en hébergeant les Ballets russes. 

Joseph- Paget Fredericks ( 1940)


On raconte également qu'elle donna des dîners au Vésinet où la seule lumière provenait du collier d'ampoules qu'elle portait autour du cou.

En 1910, Luisa Casati prit ses quartiers dans le Palazzo Venier dei Leoni, sur le Grand Canal à Venise (aujourd’hui devenu la résidence de la Collection Peggy Guggenheim).
 
Manuel Orazi ( 1913)

C'est en ces lieux qu'elle se livra à son amour du macabre, gardant le palais dans un état de semi-ruine et y logeant une ménagerie d 'animaux exotiques, laissant errer à leur guise : singes, paons, guépards.A  une époque où toute cela était impensable , elle décora sa demeure en noir, blanc et or.Ses soirées furent légendaires, au cours desquelles elle paradait avec une paire de guépards en laisse, plusieurs serpents portés comme des colliers vivants, servie par des serviteurs ne portant rien d 'autre qu'une mince ouche de feuilles d'or

Elle  devint également mécène de grands créateurs de mode comme Fortuny et Poiret.

Création: Paul Poiret
 De 1919 à 1920, elle vécut dans la Villa San Michele à Capri, en tant que locataire imposée à Axel Munthe. 
Son séjour sur l'île de Capri où elle hébergea de nombreux artistes, mais aussi gays et lesbiennes en exil, est décrit dans le journal intime de l'auteur britannique Compton Mackenzie.

Giovanni Boldini.

 Giovanni Boldini



Giovanni Boldini

Le 30 mai 1923, elle acquit le Palais Rose du Vésinet, ancienne demeure de l'écrivain et esthète Robert de Montesquiou. 
Comme lui, elle y reçut le Tout-Paris de l'époque. Elle y fit construire un terrarium chauffé, pour accueillir sa collection de reptiles, dans le jardin d'hiver de la résidence. Le soleil lumineux sur le sol du grand salon pourrait lui être attribué : elle aurait tenu à ce que ses dîners ne soient éclairés que par les ampoules constituant son collier. En 1932, ruinée, elle dut l'abandonner à ses créancier


Federico Armando Beltram-Masses (1920)

Luisa Casati fut la muse de nombreux artistes, de Giovanni Boldini à Léon Bakst et Man Ray, en passant par Guiglio de Blaas,Gabriele D'Annunzio, Umberto Brunelleschi, Catherine Barjansky, Kees van Dongen, Augustus John, Marinetti, Alberto Martini, le baron Adolf de Meyer, Roberto Montenegro, Joseph Paget-Fredericks, Hans-Henning von Voigt (plus connu sous son pseudonyme en tant qu'illustrateur, Alastair), Cecil Beaton et Salvador Dalí.



G.de Blass (1913)
Son heure de gloire fut aussi   " le Grande Ballo Pietro Longhi" à Venise sur la Piazza San Marco en Septembre 1913,  - .Luisa, annoncée par les trompettes et escortée par valets et fauconniers, fit son  entrée habillée d'une robe de satin d'or avec une jupe cerclée, énorme ,et un manteau de dentelle noire de Burano,sur lequel coulaient  ses  flamboyants cheveux rouge . Ses invités chanceux ont été servis par 200 agents dans une livrée de velours écarlate ,coiffés  de perruques et des perles blanches en poudre.

En littérature


 G.d'Annunzio par Romaine Brooks(1874-1970)
Elle fut une source d’inspiration pour de nombreux écrivains, comme Robert de Montesquiou, Romain de Tirtoff (dit Erté) et Jean Cocteau. Sa relation passionnée avec l'écrivain  Gabriele D'Annunzio lui valut d'inspirer à ce dernier le personnage d'Isabella Inghirami dans Forse che si, forse che no (1910). 
Elle inspira également le personnage de La Casinelle, qui apparaît dans deux romans de Michel Georges-Michel,
 La fête de Venise (1922) et Nouvelle Riviera (1924).


Kees Van Dongen ( 1920)


En peinture et sculpture
Il existe un grand nombre de portraits peints et sculptés de la marquise, comme ceux de Giovanni Boldini, Paolo Troubetzkoy, Romaine Brooks (avec qui elle eut une liaison), Kees van Dongen ou encore Man Ray. Nombre de ces œuvres étaient des commandes qu'elle passa pour réaliser son vœu de "contribuer à sa propre immortalité". Elle fut également la muse de futuristes italiens, tels que F. T. Marinetti, Fortunato Depero, et Umberto Boccioni.



Augutus John.( 1942)


Augustus John
Son portrait( ci-dessus)  par Augustus John est l'un des tableaux les plus populaires du Musée des beaux-arts de l'Ontario. 
Robert Fulford fut très  impressionné en le voyant alors qu'il n'était encore qu'un écolier, et Jack Kerouac accrocha une reproduction sur carte postale de ce portrait au-dessus de sa table de travail. 
En 1954, il dédia le poème "San Francisco Blues" à Casati





En photographie
Adolf de Meyer, Cecil Beaton et Man Ray réalisèrent des portraits connus de Casati.

Au cinéma
Les personnages joués par Vivien Leigh dans “La Contessa” (1965), et par Ingrid Bergman dans “A Matter of Time” ou “Nina” en français (1976) furent également inspirés par la marquise Casati.

John Galliano pour Dior
Dans le monde de la mode

En 1998, John Galliano s'inspire de son personnage pour la collection printemps/été de Christian Dior.
 Des robes issues de cette collection ont été présentées auMetropolitan Museum of Art dans la section de l'institut de la mode. Casati fut également une source d'inspiration pour Galliano pour ses créations de la collection automne/hiver 2007/2008, “Bal des Artistes” chez Dior. 

Ignacio Zuloaga

Son nom a également été choisi par les designers de mode britanniques Georgina Chapman et Keren Craig lors de la fondation de leur Marchesa fashion house.
 En mai 2009, Karl Lagerfeld lance la collection “Chanel croisière”, très influencée par la figure de Luisa Casati, sur le Lido de Venise.

Paul Cesar Helleu, Giovanni Boldini( milieu) et Luisa Casati( 1913)




En 1930, la dette de Luisa Casati avait atteint les 25 millions de dollars. Incapable de rembourser ses créditeurs, ses effets personnels furent vendus aux enchères. Des rumeurs dirent à l'époque que Coco Chanel était parmi les acquéreurs.


Casati s'enfuit à Londres où elle vécut alors dans une relative pauvreté. On dit même l'avoir vue fouiller les poubelles, à la recherche de plumes pour décorer ses cheveux. 


Elle mourut au 32 Beaufort Gardens à Knightsbridge, le 1er juin 1957, à l'âge de 76 ans. Suite à un requiem à l'Oratoire de Londres, elle fut inhumée au cimetière de Brompton. 
L'épitaphe sur sa tombe est une citation de la pièce Antoine et Cléopâtre de William Shakespeare : "L'âge ne peut la flétrir, ni l'habitude épuiser l'infinie variété de ses appas"


Elle fut enterrée vêtue d'une parure noire et en peau de léopard, ainsi que portant des faux-cils. Elle partage son cercueil avec l'un de ses pékinois préférés empaillé. Sa tombe est une statue en forme d'une urne drapée et fleurie. L'inscription indique son prénom orthographié "Louisa" et non "Luisa". 
Cette tombe est relativement difficile à trouver malgré la célébrité de Luisa Casati, et est très modeste en comparaison avec les monuments funéraires qui l'entourent.


Mario Biazzi

Luisa Casati, la divina marchesa 
continue d'inspirer les créateurs, il suffit d'une petite recherche sur le net pour constater l'intérêt dont elle est , encore aujourd'hui, l'objet.

Venise, nous invite à faire  connaissance avec cette femme qui brûla sa vie aux passions les plus folles.
Je me réjouis déjà :-)




Bonne semaine à vous qui passez


** Sources Wikipedia et la toile