mercredi 19 décembre 2012

Quelques madonnes de Jacopo Sansovino






circa 1550.oeuvre restaurée.
Musée national del Bargello.Florence

En faisant quelques recherches sur le net, j'ai croisé une " madonne" de Sansovino* et vous devinez la suite, je n'ai eu de cesse de chercher çi et là pour en trouver d'autres. Je me proposais de vous présenter ces " beaux reliefs" lorsque mon attention fut attirée par leur composition : cartapesta!

 Musée de Krefeld( oeuvre restaurée)


Là nous entrions dans un domaine  vraiment particulier que je découvrais avec surprise  et j'ai dû me documenter pour vous en parler avec sérieux.

Madonna con il Bambino [1540-50]

rilievo in cartapesta colorata

( composée ici  de coton et de chanvre- ou de lin- mélangés à de la colle animale)

Vittorio Veneto(Treviso) , Museo del Cenedese



















Musée Correr.Venise


Vous trouverez  de nombreuses explications sur le net.Pour ma part, j'ai choisi celles-ci :

Cartapesta signifie littéralement  papier mâché et pressé : la carta était déchiqueté en morceaux qui étaient ensuite broyés et mis à macérer plus ou moins longtemps dans de l'eau encollée ou non, selon la recette, de manière à former une pâte que l'on pressait en fines couches dans un moule. Cette technique évoque l'idée, confirmée par les recettes, que la carta était toujours du papier de récupération. Ce terme est également utilisé pour des objets faits de couches de feuilles entières collées et pressées les unes contre les autres.
   La carta est du papier de guenilles, appelé aussi chiffon. Les cartapestas, au sens strict du terme, sont donc composées de fibres exclusivement végétales, du lin et du chanvre, plus rarement du coton, provenant des déchets de textiles et de papier. Le papier de guenilles étant rare, et par conséquent de grande valeur, nombre de recettes attestent l'ajout, avec un ou plusieurs liants, de fibres animales, matériaux de moindre qualité.

Jusqu'au XIXème siècle les matières premières et la fabrication du papier restent identiques.


- La plus vieille recette de cartapesta est donnée dans le livre d'art de Nuremberg écrit par une nonne entre 1470 et 1500 :
   la cartapesta est composé uniquement de papier chiffon c'est à dire du lin, du chanvre et plus rarement du coton, sans ajout de colle.
   Les fibres végétales sont macérées et pressées. Cette préparation libère les forces d'adhésion (liaison H) propres aux fibres végétales. Ainsi, elles adhèrent en séchant. Ce mode de fabrication, sans ajout de liant, procure au matériau une cohésion réduite. Cette recette est donc réservée aux objets de petite taille
   Elle est répandue en Europe du Nord, surtout en Pays-Bas en Alsace et en Rhénanie. Elle demeure inconnue dans les sources italiennes du XIVème siècle, mais est attestée par les artisans de Toscane du XVème siècle, comme Donatello, ses successeurs, et Neroccio du Landi. La tête d'homme attribuée à Jacopo Sansovino, d'après une analyse menée en laboratoire, ne contient que des fibres de lin.
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Une variante de la recette du livre d'art de Nuremberg, présentée par Sincerus (1718), puis par Johann Melchior Cröcker (1719) consiste à mélanger les fibres végétales avec de la colle animale  afin d'obtenir une meilleures cohésion, ce qui permet la réalisation d'objets plus grands.
   
 La Madone à l'Enfant de Sansovino du Museo del Genedese est composée de coton et de chanvre (ou de lin) mélangés à de la colle animale. A défaut de colle animale, on pouvait utiliser de la colle d'amidon avec des fibres végétales (lin ou coton) comme en témoigne l'analyse de la Madone de Vérone de Donatello. (musée du Louvre)

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Une troisième possibilité propose d'ajouter aux fibres un mélange d'huile et de résine (avec une forte proportion de résine). Ce mélange permet l'emploi de toutes sortes de fibres, en plus des fibres végétales citées précédemment, comme de la paille, de la filasse ou de l'étoupe ou bien encore de fibres animales, laine, cuir et poils... Cette recette correspond au procédé de fabrication des cartapestas décrites en Italie pour la première fois en 1681, dans le vocabulario Toscano dell'arte del disegno par Baldinucci.
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La quatrième et dernière possibilité consiste à mélanger des fibres végétales et animales avec des charges minérales, comme la craie, le plâtre ou l'argile, le tout additionné de colle animale, de résine ou d'huile de lin. Ce type de fabrication peut atteindre la dureté et la solidité de la pierre. Le mélange de ces charges forme une pâte plus grasse , facilement modelable, qui permet d'obtenir tous les détails du moule.

   Cette recette est connue en France au XVIIIme et XIXme siècles sous l'appellation de carton pierre, en Allemagne dans le konversationslexicon de Pierer de 1892 sous le mot de Pappe. 
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  Cependant on connaît depuis 1991 une oeuvre datant du XVIme siècle appartenant à cette catégorie : la Madone à l'Enfant de Jacopo Sansovino conservé à Berlin est composée de fibres végétales additionnées de colle animale et d'un mélange d'huile et de résine additionné de carbonate de calcium.

SOURCE de ces renseignements(clic)




** Jacopo Tatti dit SANSOVINO( peint par Tintoretto)


  Florence- 1486 / Décès : Venise, 1570
Elève d'Andrea Sansovino dont il adoptera le nom, Jacopo Tatti dessinera les plans de l'église San Giovanni dei Fiorentini à partir de 1519. Le Bacchus (Florence, Musée national du Bargello) et l'Apôtre saint Jacques (cathédrale de Florence) marqueront ses débuts comme sculpteur.



Il se réfugiera à Venise en 1527, après le sac de Rome, et sera nommé "proto delle Procuratie de supra" deux années plus tard. Il exécutera le maître-autel de la Scuola di San Marco (vers 1533), la nouvelle Scuola della Misericordia (à partir de 1532), l'église San Francesco della Vigna (à partir de 1534) et le palais Corner dans le quartier San Maurizio (à partir de 1533). Chargé de l'embellissement de la place Saint-Marc en 1537, il édifiera la Libreria Marciana, la Zecca, la Loggetta del Campanile ainsi que la Scala d'Oro du palais des Doges et la façade de l'église San Giovanni.

lundi 17 décembre 2012

" Menus plaisirs"...









Et bien, oui, une semaine  à  Venise...mais si cela devait être la dernière..sait-on jamais.
( Et c'est ce que je commence à me dire à chaque fois ;-)))
Alors...on ne se retient plus, on franchit le seuil 
et  on casse sa tirelire..
Pourquoi pas, une tirelire,c 'est fait pour ça, non?
D'ailleurs, ma grand-mère prétendait qu'on n'emportait pas avec soi ses Louis d'or..alors, je me les suis mis autour du cou..:-)))
Avec l'âge, la gorge devient sensible...et puis à l'approche de la  septième dizaine...je me suis fait un "grand" plaisir!


C'est le temps des cadeaux,  
gâtez ceux que vous aimez 
mais pensez à vous AUSSI!

PS. Dans la mesure du possible ( et de mes moyens) j'essaie d'acheter  authentique.
A Venise, je fais particulièrement attention  étant donné l'envahissement des produits "made in China."
Cette année, nous avons découvert un atelier à Murano qui propose des créations originales et d 'un prix raisonnable.Je vous en parlerai un jour ou l'autre.
Pour ce qui est des " produits" ci-dessus...je suppose que l'on peut faire confiance à la marque .Mais qui me dit que les ourlets et autres détails sont vraiment faits main à Venise, et qui plus est par des Vénitiennes.. peut être  les femmes de la prison qui ont un atelier couture? 
 

dimanche 16 décembre 2012

L'Annonce faite à Marie.

Orazio Gentileschi
Orazio Lomi Gentileschi, Pise 1563-Londres 1639

""Le vent sur le toit vient de rencontrer
Dessus, un oiseau que l'azur apporte.
Qui vole ?Le ciel a poussé la porte,
La porte a chanté, un Ange est entré.""


 

Andrea del Sarto

Andrea del Sarto (André del Sarte en France au XIXe siècle) , de son vrai nom Andrea d'Agnolo di Francesco di Luca ou Andrea d'Agnolo di Francesco di Luca di Paolo del Migliore Vannucchi ou plus simplement Andrea Vanucciné 
Florence 1486-1531


""Un Ange a parlé tout bas dans la chambre.
Toi seule, ô Marie, entends ce qu'il dit,
Toi seule dans l'ombre et le Paradis.
Il a semé Dieu tout grand dans tes membres.""

Francesco Albani
  Bologne - 1578 - 1660

 Francesco Albani, dit l'Albane, 
est l'un des plus grands peintres de l'école de Bologne au XVIIème siècle. Il comptera parmi les principaux disciples des Carrache à l'origine d'un nouveau classicisme, et sera désigné en 1658 comme l'un des quatre évangélistes de la peinture moderne avec Guido Reni, le Guerchin et Dominiquin.


Je ne l'ai pas vu. Mais en s'en allant,
- J'étais sur le pas ému de la porte -
Il a laissé choir dans mon coeur tremblant
Un grain murmurant du Verbe qu'il porte.

Il a fait tomber à la place en moi
La plus ignorée et la plus profonde,
Un mot où palpite on ne sait quoi,
Un mot dans mon sein pour le mettre au monde.
 Francisco Ricci

Francisco Ricci (aussi orthographié Rizi),Madrid 1608-1685 
C'est un proche des peintres italiens Vincenzo Carducci et Federigo Zuccaro.

 
Ah ! comment un mot sortira-t-il bien
De moi que voilà qui suis peu savante ?
Mais le Saint-Esprit - je suis sa servante -
S'Il veut qu'il me naisse y mettra du sien.


La Vierge Marie est dans son bonheur.
La Vierge Marie est là qui se noie
Dans le miel de Dieu. L'épine est en fleur
Autour du jardin, autour de ma joie.

 

 Bartolomé Esteban Murillo .Séville 1617- 1682


Il y a dans toi, Vierge, un petit Roi,
Ton petit enfant, un Dieu ! Trois ensemble !
Et nul ne s'en doute. Il y a dans moi
Un petit oiseau dont le duvet tremble..
. »


 ***

"Le Rosaire des joies" ("Annonciation", extrait), Crès, 1930. Source : MARIE NOEL 

 Francisco Ricci et Murillo ne sont pas vénitiens, ils ne sont même pas italiens..mais après tout qu'importe quand le talent est là qui nous réjouit le coeur .Je souhaitais garder cette atmosphère  rouge et or..et de plus j'aime beaucoup Murillo et son Annonciation me touche  particulièrement.

Beau dimanche à vous qui passez...le troisième..