mercredi 23 novembre 2011

Idylle vénitienne.L'épisode de Paolo et Francesca.


Lovis CORINTH




Bravant le sourire du portier, du lift et des caméristes, j’étais monté jusqu’à sa chambre…Un petit rhume, depuis la veille, la tenait couchée…Comment vit-on un jour sans la voir !

-Partez vite ! je vous en supplie, partez vite ! hoquetait-elle, tandis que je baisais son front, ses cheveux, ses tempes…Partez vite !…Il n’est allé qu’à Padoue, en auto…il a dû prendre le train à Mestre, pour rentrer, le train de trois heures…Il arrivera dans cinq minutes !

Mais je m’étais assis au bord de son lit, je furetais dans ses dentelles, je lui parlais à voix basse.
-Écoute…écoute…chuchotais-je…Écoute…Laisse-moi t’expliquer…
-Vous n’y songez pas ! Vous devenez fou !…Ici ?…Ici ?..
Vous auriez cette audace ?…d’ailleurs, le voilà…le voilà ! J’entends des pas dans le couloir !

Et l’on a frappé à la porte.
-Un télégramme, signora ! criait un groom dans la serrure.

****

La dépêche ouverte, le bambino reparti, elle a battu des mains, joyeuse ;elle a mis ses bras autour de mon cou.
-rRgardez…regardez ! disait-elle. C’est de lui…c’est de mon mari…regardez : «  Une panne. Ne rentrerai que… »

Et nous ne lûmes pas plus avant.


Gabriel SOULAGES 


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