mardi 12 avril 2011

Idylle vénitienne (18) Le Distique

Daniel HERNANDEZ

""Chaque interstice de fenêtres et de la porte chantait comme une syrinx sous l'haleine du sirocco torride.
- Pourquoi, disais-je, vous acharner à vous éventer ainsi, sans résultat appréciable, au risque de vous démettre le poignet, alors que ma baignoire est là...
-Quelle bonne idée! m'interrompit-elle.
- N'est-ce pas? ... je vais tout préparer..Je vais faire la femme de chambre.
Elle ôtait déjà ses bagues;elle riait; elle organisait le service:
- C'est très simple...vous resterez avec moi dans le cabinet de toilette, et, quand je sortirai de l'eau, vous me tendrez le gant de crin, le flacon de lavande, les socques.Seulement , nous fermerons les volets, pour que vous ne puissiez  rien voir!

Mais, par malheur, en plaisantant, je lui ai traduit ces beaux vers des Héroïdes:

Unda repercussae radiabat imagine Lunae
Et nitor in tacita noste diurnus érat

Et du coup, elle a eu peur et, malgré les contrevents bien clos, n'a plus voulu prendre son bain."

Gabriel SOULAGES




William TURNER

Unda repercussae radiabat imagine Lunae
Et nitor in tacita noste diurnus érat
 L'onde rayonnait de l'image réfléchie de la lune, 
et l'éclat de la nuit silencieuse la faisait ressembler au jour.
OVIDE. Les Héroïdes. 
Epitres XVIII de Léandre à Hero


Héro est prêtresse d’Aphrodite à Sestos sur la rive européenne de l’Hellespont tandis Léandre habite à Abydos sur la rive asiatique. Toutes les nuits , Léandre traverse le détroit à la nage guidé par une lampe qu'Héro allume en haut de la tour où elle vit. Mais lors d'un orage, la lampe s'éteint et Léandre s'égare dans les ténèbres. Lorsque la mer rejette son corps le lendemain, Héro se suicide en se jetant du haut de sa tour.
Cette histoire a inspiré de nombreux artistes : 
 À titre anecdotique, on peut également citer la traversée à la nage de Lord BYRON en 1810 entre Sestos à Abydos, effectuée en une heure et dix minutes.

Avec ce texte , nous arrivons au terme de la première partie de cette Idylle vénitienne. La deuxième partie est  sous-titrée " Intermezzo"....



4 commentaires:

  1. Chaque fois, le texte de Gabriel Soulages est parfaitement illustré par les tableaux que vous avez choisis. On souhaite découvrir la suite...
    Anne

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  2. Bravo pour ta nouvelle présentation, que de changements, je ne sais pas si je suis prête à faire de telles transformations, de toute façon je n'y arrive plus en ce moment en retard sur tout !
    J'affectionne particulièrement tes billets de l'idylle vénitienne et j'ai de plus en plus envie d'avoir ce livre de Soulages, quel coquin mais c'est tellement bien dit, j'adore !
    bisous
    Danielle

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  3. Merci, Anne.C'est presqu'un challenge de trouver chaque fois de quoi illustrer le texte.Mais cela me plaît et puis je suis bien aidée par toutes les blogeuses si cultivées qui me font découvrir des peintres que je ne connaissais pas.

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  4. Danielle,
    Si tu savais combien d'essais j'ai faits...avec chaque fois le noeud à l'estomac.. et si j'allais tout mettre en l'air... mais j'avais envie d'un peu de clarté...
    Patience pour Gabriel....:-)))) Je dois trouver les " images " qui vont avec ;-)))) et aussi me modérer car je ne ferais plus que ça..or....qui a dit que j'étais une femme au foyer ??? avec tout ce que cette expression signifie :-)))
    Bises

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