« L’histoire des femmes est en grande partie écrite
sur l’eau, dit Roberta Rich à propos de ce qui l’a
motivée à créer son héroïne après avoir visité le
ghetto juif pendant des vacances à Venise. Leurs
réussites disparaissent en douce, comme une
pierre lancée dans un étang. Les créations des
femmes sont éphémères : elles préparent les
repas,
reprisent, lavent et vendent des vêtements
(car l’un des métiers qu’on accordait aux Juifs, à
l’époque, était le commerce des vêtements d’occasion).
Elles procréent, mettent des enfants au
monde et les élèvent. Après ce voyage, je me suis
mise à lire tout ce que j’ai pu sur la vie quotidienne
dans le ghetto. Il y a bien peu. Surtout à
propos de la vie quotidienne
des femmes et de
la façon dont elles accouchaient. Ce livre est une
façon d’imaginer toute cette histoire invisible. »
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Venise 1575. Hannah Levi est réputée dans toute la ville pour ses
talents de sage-femme – un don développé en secret par les « cuillers
d’accouchement » qu’elle a mises au point. Quand par une nuit d’hiver,
le comte Paolo di Padovani vient l’implorer d’assister sa femme, luttant
pour donner naissance à leur premier enfant, Hannah est partagée. Si la
loi interdit aux juifs de soigner les chrétiens, l’argent que le comte
lui propose lui permettrait de payer la rançon de son mari bien-aimé,
Isaac, retenu en otage sur l’île de Malte. Le choix d’Hannah va la
précipiter dans de périlleuses aventures…
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J’ai terminé ma lecture.:-)
L’auteur nous confie que ce livre lui a été inspiré par un
séjour à Venise et une longue halte dans le ghetto. Une halte qui l’a amenée à se pencher sur l’histoire de cet endroit de Venise qui a
longtemps généré des remarques le plus
souvent-pour ne pas dire toujours- cruelles et insultantes ;les juifs étant considérés
comme source de toutes les avanies et des malédictions les plus cruelles.
Ceci dit, c’est une belle
histoire : deux existences qui durant une année s’écoulent en
parallèle, mari et femme ayant été cruellement séparés .Si le destin d’Isaac
est tourmenté, c’est surtout l’ histoire de sa femme qui nourrit le roman.
Venise.1575
« « Ma femme est en couches depuis deux jours
et deux nuits. Les draps sont ensanglantés et l’enfant tarde à naître…Je ne
sais plus vers qui me tourner. » »
Hannah est une femme courageuse,
généreuse , pénétrée de sa religion mais aussi pétrie d'humanité et d'empathie. Mettre des enfants au monde est une tâche , délicate et même très dangereuse, quand on sait que deux vies sont en jeu.A fortiori quand on est juive et que l'on vit à Venise où les " Bocche di Leone "ont tout à dire..
A l’ère de la
péridurale, on a oublié les dangers encourus par les femmes en gésine; les naissances compliquées amenant parfois les sages-femmes à faire des choix toujours dramatiques.
Hannah est aussi une femme inventive, elle a mis au point ses »
cuillers » qui sont, je ne crois pas me tromper, une évocation des forceps ou autre spéculum
d’aujourd’hui.
Frappées d’interdiction,
les sages-femmes juives ne peuvent aider à la venue au monde des enfants
chrétiens, et pourtant un noble vénitien
n’hésite pas à braver la loi …sa femme
est au plus mal, l’enfant à naître est un espoir auquel il faudra s’il le
faut….
La valette.1575.
Isaac a parié avec le destin
et il a perdu. » Il avait lourdement emprunté pour acheter un entrepôt
plein de soie qu’il voulait revendre à Constantinople. Avec les profits, ils
envisageait d’acheter des épices pour les négocier à Venise.
Mais les Chevaliers de Malte s’ils furent des chevaliers servants furent aussi de bien
redoutables chevalier des mers.. » Arborant cœurs et crucifix, éclatant
de haines envers les infiidèles et de cupidité devant leur riche cargaison
vénitienne, {-----}ils attaquaient non seulement les navires des infidèles
ottomans, mais aussi les vaisseaux chrétiens, saisissant leurs cargaisons et
réduisant à l'esclavage tout le monde à bord, riches ou pauvres, marchands ou
serviteurs, femmes ou enfants. Ils se disaient chevaliers, mais en réalité ils
étaient pirates, devenus riches au moyen de crimes sanctifiés au nom de la
sainte croisade."
L’écriture élégante coule de
source qui parle de la richesse des palais mais qui évoque aussi la saleté et la
puanteur des villes à cette époque, avec leur population pauvre vivant
dans des conditions précaires, l’hygiène
qui laisse à désirer,la peste
toujours à l’affût, .Les odeurs envahissent les pages surtout quand il est
question des boutiques de teinturiers où l’on utilise l’urine de mouton , les
animaux qui polluant autant que les humains.
Hannah, la juive, est une héroïne
comme on les aime. C’est elle qui porte le roman et nous transporte ,nous, depuis la première
ligne jusqu’à la dernière, celle de l’accomplissement, celle qui nous laisse
aussi sur l’envie de connaître la suite …celle où nous retrouverions Hannah, apaisée, amoureuse, fidèle à ses convictions , désormais pleinement et sans ostracisme à
l’écoute des femmes trop souvent victimes de leur fertilité.
Ce livre se lit avec plaisir,
avec émotion aussi pourquoi pas ?