Florence 1414. Un enfant hirsute, aux pieds couverts de corne, griffonne furieusement une fresque remarquable à même le sol d'une ruelle des bas-fonds de la ville. Miraculeusement repéré par Cosme de Médicis et placé au couvent des carmes, il va faire souffler un vent de passion sur la peinture de la Renaissance. Moine et libertin, artiste intransigeant et manipulateur sans scrupules, futur maître de Botticelli, ses sublimes madones bouleversent son époque. Elles lui sont pourtant très intimement inspirées par les filles des maisons de plaisir de Florence qui en ont fait leur petit prince caché. Bravant tous les interdits et jusqu'à l'autorité suprême du Pape, il commet par amour l'ultime provocation. Le scandale le pousse à l'exil et le renvoie au secret sanglant enfoui au coeur de son enfance. Peintre voyou, ange ivre, fra Filippo Lippi invente un rapport nouveau entre l'art et le monde de l'argent et, le premier, fait passer les peintres du statut d'artisans estimés à celui d'artistes reconnus.
Ce livre est le roman de la vie d’Alessandro Botticelli (1406 -1510). Il fait partie d’une trilogie ("le siècle de Florence") et se situe entre "La passion Lippi" et "l’obsession Vinci".L’histoire commence la veille du succès qu’obtiendra Botticelli avec son San Sebastian, et se termine, non par sa mort, mais par disons...une certaine oisiveté.Au cours de la lecture, nous voyons Botticelli prendre peu à peu toute sa place d’artiste renommé de son vivant au sein de la ville toscane. L’auteur, au style et à l’expression modernes parfois un peu déroutants, nous le rend plus proche. Nous sommes dans son quotidien, dans son intimité : sa vie d’homme, de famille, sa vie amoureuse...Nous compatissons à ses mélancolies, ses doutes, ses peines, et nous nous réjouissons de ses victoires et de son esprit parfois farceur.Mais c’est aussi la ville grouillante de Florence de cette époque qui s’agite sous nos yeux avec ses déviances, ses excès, courant vers un destin forcément funeste. L’Histoire sert de toile de fond : nous assistons à la pression fiscale des Médicis sur le peuple, à des complots, des assassinats politiques, à l’arrivée de Savonarole et de ses groupes d’enfants délateurs et exécuteurs qui sèment l’effroi et l’horreur. Et puis, il y a la visiteuse et son cortège d’abjections : la Peste, qui hisse Savonarole (dont la conduite est exemplaire pendant l’épidémie) au sommet de la terreur. Les artistes qui représentent les corps nus ou des futilités, sont pourchassés. Les oeuvres impies sont brûlées sur le "bûcher des vanités".Au milieu de cette tourmente, Botticelli peint. Il prend faiblement position et finit par fuir la ville en payant très cher ses choix artistiques. On voir naître ses oeuvres sous nos yeux : la main du peintre crée San Sebastian (qui figure Filippino Lippi), le Printemps (commande de Lorenzo de Médicis pour son mariage avec Semiramide), la Naissance de Vénus ( qui a les traits de Sandra Lippi) , l’Abandonnée (destin de Florence)...Sur le roman plane sans cesse le souvenir des anciens : Filippo Lippi, Giotto, l’Angelico, Massaccio... On y croise aussi la famille Vespucci, Franscesco Gicondo et son épouse Lisa, le poète Policien, Filippino Lippi... A la fin, de jeunes artistes font leur entrée : le mal-aimable Michel Angelo, Raphaël...Muriel Marhic
Un mot pour résumer : passionnant!
Avec quelques bémols.
L'auteur a un peu trop tendance à se perdre en digressions inutiles.Ainsi,les scènes intimes des personnages sont un peu trop détaillées . Certes, les moeurs de l'époque sont indissociables de la vie des personnages, mais les descriptions ont souvent tendance à se perdre en longueur …Mais quelle époque et quelle concentration de talents au même endroit et au même moment !
Lippi, Botticelli, Politien, Ficin , Pic de la Mirandole, Léonard de Vinci, Michel Ange, Savonarole, Laurent de Medicis, et bien d’autres qui vont s’aimer, se haïr, vivre, mourir, mais nous laisser des chefs d’oeuvre …Il faut se laisser entraîner dans Florence au XV siècle où la terreur se heurte à la beauté, la vie à la mort, mais où l’amour reste toujours le maître.
Lorsque je lis ce genre de biographie romancée, je commence par situer les lieux sur une carte. Je peux ainsi mieux cerner les déplacements des personnages, visionner le décor dans lequel ils vivent.
Cette fois, j'ai retrouvé des artistes que l'on a trop tendance à oublier,( surtout quand on se focalise sur une ville :-)) j'ai recherché des informations , revu les tableaux qui avaient fait le bonheur de mes recherches adolescentes.
Certaines critiques soulignent quelques erreurs historiques, quelques fautes de goût...moi je retiendrai seulement le plaisir que j'ai pris à lire ces deux livres , cette impression de foisonnement culturel et surtout cette envie que j'ai eue de chercher plus loin et de revoir .....
J'avais lu le premier avec plaisir il y a quelques temps, un bon moyen pour préparer un séjour à Florence!
RépondreSupprimerPour préparer un séjour à Florence , et dans un autre genre, les livres de Magdalen Nabb sont eux aussi bien intéressants.Les acteurs évoluent dans une Florence contemporaine.Mais là il n'est pas question d'art...:-)
SupprimerJ'espère que j'aimerai autant "L'obsession Vinci"
Merci pour votre critique qui donne une idée précise de ces ouvrages. Il y a quelques années, avant un voyage à Florence, j'avais bien aimé aussi "Laurent le magnifique" d'Ivan Cloulas.
RépondreSupprimerEnvisagez-vous un prochain voyage à Firenze?
Bonne semaine prochaine, Danielle!
Non, Anne, pas de voyage en vue et pourtant comme me le répète mon mari" Il ne tient qu'à toi de"...et il a raison..il oublie seulement que..je dois quand même tenir compte de certains alea..
SupprimerMais..qui sait?
En attendant, je note le livre d'Ivan Cloulas..
Bonne semaine, Anne.
J'avais eu un vif plaisir à lire le premier après notre séjour à Florence, je n'ai pas encore lu les deux autres mais ce qui ne serait tarder ! Tu as bien fait de me les remettre en mémoire...
RépondreSupprimerBonne semaine
A bientôt
J'espère bien trouver " L'obsession Vinci" à la bibliothèque.J'ai lu aussi des livres de Benzoni dont l'action se déroule à Florence...très romancée mais bien documentée.
SupprimerQuelle richesse dans cette ville...aussi!
Bonne semaine, Martine.
j'ai lu il y a quelques mois la passion Lippi j'ai adoré et ne m'attendais pas à cette vie tumultueuse ! mon fils s'appelle Alexis Lippi et sa famille est de Florence et il est assez doué pour le dessin, la peinture et la création en général,descend il de cette famille ? je ne saurais le dire !! c'est lui qui m'a prêté ce livre ainsi que le rêve Botticelli que je n'ai pas encore commencé , excellents moments d'évasion ! bonne journée Danielle
RépondreSupprimerLaurett, si j'étais ton fils je ferais quelques recherches.Ce serait fabuleux. Il est doué...mais il a aussi une maman artiste,ce que tu oublies de mentionner.:-))))Trop modeste, Laurett !!
SupprimerBonne semaine à toi.
Je les ai lus
RépondreSupprimerJe possède celui consacré à Lippi dédicacé
Comme toi quelques bémols.
Je n'ai pas été enthousiasmée
Mais comme tu le soulignes quelle époque et quelle concentration de talents
Bonne journée
PS qu'as-tu sélectionné afin qu'il ne soit pas possible de faire un copier coller de ton texte?
Je trouve cela très bien,car sans être des "auteures" il est désagréable de se voir copiée
En effet, Françoise, c'est la rencontre avec tous ces artistes qui est passionnante et qui m'a, moi, amenée, à revoir beaucoup d'oeuvres que j'avais tendance à négliger parce que trop tournée vers ..Venise et SES artistes.
SupprimerJe t'envoie le lien pour empêcher le clic droit.
Bonne journée :-)