San Rocco.1575-1580
Tout au long de sa vie, le peintre vénitien Jacopo Tintoret (1519-1594) a donné ses images de noblesse à la question du corps et du vin, plus explicitement dans les nombreuses Cènes qui jalonnent son parcours d'artiste. Entre la première Cène du Tintoret (San Marcuola, Venise, 1547) réalisée à 28 ans et la dernière, peinte juste avant sa mort (San Giorgio Maggiore, Chapelle des Morts, Venise, 1594), le peintre n'a cessé de s'interroger sur cet épisode de la vie du Christ, sur ce moment symbolique où le Christ opère l'action de grâces (Eucharistie), le don de son corps et de son sang sous forme de pain et de vin. Tintoret réalise au total une dizaine de Cènes où il varie les angles de vue, les postures, où il joue avec la thématique du dernier repas : représentations du toucher, du goût, de la vue, de l'ouïe (les paroles du Christ). Tintoret invite les spectateurs à la Cène : une invitation polysensorielle. Quelques indices visuels et contextuels nous permettent d'élaborer une hypothèse qui lierait ces images peintes : l'ivresse, la conjonction du corps et du vin ; l'ivresse que l'on peut saisir de différentes façons : l'ivresse des gestes, des corps, l'ivresse du Verbe mystique, l'ivresse de l'art, de la pensée. « L'effet des œuvres d'art est de susciter l'état dans lequel on crée de l'art : l'ivresse. » Nietzsche. Entendez aussi Heidegger : « là où la forme règne comme suprême simplicité de la loi la plus féconde, là, c'est l'ivresse ».
San Marcuola.1547
San Trovaso.1565
San Stefano.1580
Toutes ses représentations de la Cène par Tintoret sont superbes mais je préfère de loin la dernière, celle de San Giorgio Maggiore.
RépondreSupprimerPour l'éclairage et pour les ectoplasmes des anges représentés au plafond.
Et peut-être aussi pour ce petit chat roux qui s'abreuve bien, qu'un petit félin apparaisse presque toutes les autres représentations.
Quelle profane cette Mireille, aimer un Tintoret grâce à un chat !!
Gros bisous et belle journée
Superbes, C'est tres joli de souvenir cette moment, maintenant que beaucoup de gens a oublie de cette qu'est important
RépondreSupprimerMarina
Très bonne idée Danielle que ces Cènes pour un Jeudi Saint... et l'évolution du thème chez Tintoret est fort intéressante à voir : entre la première de 1547, si calme, presque statique et celle de 1570 à San Polo, agitée, nerveuse, on sent un évolution du mental du peintre lui-même...
RépondreSupprimerQuant à Mireille qui avoue préférer la dernière à cause d'un chat, elle a bien raison, c'est souvent par les détails qu'on aime une oeuvre !!