vendredi 4 juin 2010

La Fraterna



" La fraterna était un mode de vie codifié par la tradition et imposé par la famille "

Que se passait-il derrière les façades de ces nobles palais? Tout n'était pas rose et les voyageurs disent leur surprise devant certaines coutumes familiales liées en particulier à la survie de la frairie, de la communion des biens dans la " société des frères", une forme d'indivision qui avait beaucoup contribué à la solidité de la société vénitienne au Moyen-Age, quand l'activité marchande des frères produisait à la fois de la solidarité et du capital mobilier facile à acquérir, à répartir et à investir.
Quand à l'époque moderne se substitua au capital marchand le grand domaine foncier dont le démembrement aurait conduit à l'a ruine de la Maison, cette indivision a produit des formes perverses qui ôtaient toute liberté à l'individu.
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Tout se passait comme si le père faisait peser une autorité patriarcale, même décédé, sur tous ses enfants, et que le point nodal de cette autorité consistait à éviter tout mariage superflu, afin de continuer à soutenir le décorum de la famille et, si possible, d'accroître son état de fortune.

Pour obtenir ce résultat, il fallait limiter la descendance à un seul fils par famille et confier au fils marié l'administration de tous les revenus de la famille, la direction de cette famille, à charge de subvenir à l'entretien de ses frères restés célibataires.

Si l'un deux voulait quitter la fraterna, le père testateur lui laissait sa seule part légitime -et réduite- tout le reste allant à son frère chef de maison.
En 1761 encore, dans trois cinquièmes des Maisons patriciennes, tous les hommes adultes, exception faite des clercs réguliers, vivaient encore sous le même toit.

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Cette cohabitation conduisait à une situation démographique catastrophique: il n'était pas rare qu'un homme marié vécut avec ses enfants et ses cinq ou six frères condamnés au célibat.
Le futur doge Polo RENIER, veuf, vivait en 1761 avec son fils et ses petits-enfants et avec cinq frères dont le plus jeune approchait la quarantaine.

Pietro LONGHI a donné une belle représentation de la famille patricienne du doge Alvise PISANI avec un de ses fils marié, père de quatre enfants, et ses autres fils restés célibataires, tous peints avec en arrière- plan leur villa de Strà.""


Extrait de : Guide culturel d'une ville d'art de la Renaissance à nos jours. Jean-Claude HOCQUET




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