Francesco GUARDI
""Ce tableau illustre avec force ce qui fut la malheureuse odyssée de "La QUERINA,
navire vénitien et de ses matelots."
Pietro QUERINI
Navigateur et marchand vénitien né à la fin du XIV e siècle,
issu d'un rameau de la célèbre famille patricienne .
Le 25 avril 1431, la nef vénitienne
Querina quitte le port de Candie en Crète à
destination des Flandres avec à son bord soixante-huit
hommes et une cargaison de Malvoisie et de bois. Après
avoir traversé la Méditerranée d'est en
ouest sans difficulté majeure, la Querina heurte
un récif à l'entrée du port de Cadix et
doit faire relâche durant près d'un mois et demi.
Fin-août, la Querina fait son entrée à
Lisbonne d'où elle repart fin-septembre ; un mois
plus tard elle fait une ultime escale de deux jours à
Muros en Galice, le temps pour Pietro Querini et treize membres
de son équipage d'une rapide visite à Saint Jacques
de Compostelle.
Ayant traversé le golfe
de Gascogne, la Querina se prépare à entrer
en Manche quand une violente tempête se lève 1.
Commence une interminable et harassante dérive ;
vents et courants contraignent la nef à contourner l'Irlande
puis la poussent toujours plus au nord vers la mer de Norvège.
Le 17 décembre, constatant le délabrement de la
nef, l'équipage embarque à bord des deux chaloupes
du bord — « ce jour-là, vers 22 heures,
sachant qu'entre deux malheurs, il vaut mieux choisir le moindre,
nous décidâmes de quitter l'océan de feu
pour entrer dans la fournaise » (Cristoforo
Fioravante et Nicolò de Michiel). La nuit a tôt
fait de séparer les deux embarcations ; plus tard,
les survivants croiront trouver les débris de l'ossature
et des varangues de l'autre esquif : « nous
eûmes alors la certitude que les compagnons qui y avaient
embarqué la nuit où nous nous étions séparés
étaient morts noyés » (Cristoforo
Fioravante et Nicolò de Michiel).
Le 3 janvier 1432, les rescapés
aperçoivent une île et, trois jours plus tard,
ils peuvent enfin mettre pied à terre : « le
6 janvier, le jour solennel de la pâque de l'Épiphanie,
nous fûmes dix-huit à débarquer dans ce lieu
désert et aride appelé l'île des Saints,
située sur la côte de la Norvège et soumise
à la couronne de Dacia » (Cristoforo Fioravante
et Nicolò de Michiel). Mais l'île des Saints
— Sandøy — n'est qu'un îlot désert
à l'extrême sud de l'archipel des Lofoten, au-delà
du cercle polaire arctique. En plein hiver, la robinsonnade des
marins vénitiens tient du cauchemar ; ils ne sont
plus que onze quand, un mois plus tard, des pêcheurs de
l'île voisine de Røst viennent les arracher à
leur précaire asile. Les six semaines qui suivent voient
s'inverser le sort cruel des naufragés qui croient avoir
atteint le premier cercle du paradis. Ils sont ensuite
conduits sur le continent d'où ils peuvent regagner Venise,
les uns par l'Angleterre, les autres par l'Allemagne.
Le valeureux capitaine qui a échappé
à la tourmente a laissé son nom gravé dans la pierre , dans le froid et
bien loin de Venise.""
Cette aventure nous est connue grâce à deux textes rédigés au retour à Venise, le premier par le capitaine et patron du navire, Pietro Querini, le second par deux marins, Cristoforo Fioravante et Nicolò de Michiel. Ces textes ont été publiés, et traduits en italien, pour la première fois par l’érudit vénitien Giovanni Battista Ramusio, dans son ouvrage Navigationi e viaggi (1550-1559).
Au-delà de divergences factuelles rares et sans grande portée, ces textes mettent en lumière la violence de l'épreuve et, par contraste, l'acuité et surtout la fraîcheur du regard porté sur le monde radicalement différent, aux yeux de ces méditerranéens, d'une communauté de pêcheurs aux lointaines Lofoten — dans la forme, dans le choix même de certains mots, dans le contenu et l'intention d'ensemble du propos s'entend comme un écho annonciateur d'une littérature utopisante encore à venir (L'Utopie de Thomas More ne paraît qu'en 1516).""
Source & compléments d'information
Cristoforo Fioravante et Nicolò
de Michiel : Ici,
cent vingt pêcheurs habitent dans douze maisons ou cabanes.
Ils n'ont d'autre ressources que le poisson qu'ils pêchent.
(…) Ils échangent les fruits de leur travail les uns
contre les autres. Ils vendent des poissons séchés
au vent, que dans leur langue ils appellent stock-fisch. Ils
en apportent dans toute la Dacia, la Suède et la Norvège,
royaumes soumis au roi de Dacia, où ils les troquent contre
du cuir, des tissus ou des vivres qui leur manquent. Mais entre
eux, ils n'utilisent aucune forme de monnaie battue.""
*Naufragés .Pietro Querini, Cristoforo Fioravante et Nicolò de Michiel.Traduit du vénitien par Claire Judde de Larivière.
*Il naufragio della Querina, traduzione di Paolo Nelli, Roma, Nutrimenti, 2007.
* Les naufragés de Röst.Benjamin Guéri(2007)
La bande dessinée de Paolo Cossi
nous raconte une histoire, une histoire vraie, un fait historique : comment le baccalà a-t-il atteint Venise ? Comment en 1432 un noble vénitien du nom de Pietro Querini a-t-il survécu au naufrage de son navire pour revenir chez lui avec un mets inconnu : la morue séchée ?
Tandis qu'en 2008 un jeune couple visite Venise, Pietro Querini embarque sur son navire pour rejoindre les Flandres en 1432. Des problèmes techniques et une tempête auront raison de son bateau. Seule une partie de l'équipage parvient à survivre et sera sauvée sur l'île de Rost par des Norvégiens : découverte d'une autre façon de vivre, d'autres saveurs... Après quelques mois, ils repartent chez eux avec le baccalà, la morue séchée, qui sera savouré six siècles plus tard en crème par le jeune couple de touristes...
Les amoureux d'Histoire seront comblés par le souci du détail de Paolo Cossi : entretiens nombreux avec le propre descendant de Pietro Querini, travail sur son manuscrit du XVe siècle, recherches documentaires pour les décors vénitiens. Et les amoureux des histoires, anecdotes et récits en tout genre adoreront les explications de l'oncle Paolo sur Venise, ils seront aussi séduits par cette très belle idée de relier la grande Histoire au quotidien contemporain. Les dessins de Paolo Cossi tout en finesse et en élégance lorsqu'il s'agit d'architecture, tout en violence et en émotions pendant le naufrage nous embarquent définitivement...
nous raconte une histoire, une histoire vraie, un fait historique : comment le baccalà a-t-il atteint Venise ? Comment en 1432 un noble vénitien du nom de Pietro Querini a-t-il survécu au naufrage de son navire pour revenir chez lui avec un mets inconnu : la morue séchée ?
Tandis qu'en 2008 un jeune couple visite Venise, Pietro Querini embarque sur son navire pour rejoindre les Flandres en 1432. Des problèmes techniques et une tempête auront raison de son bateau. Seule une partie de l'équipage parvient à survivre et sera sauvée sur l'île de Rost par des Norvégiens : découverte d'une autre façon de vivre, d'autres saveurs... Après quelques mois, ils repartent chez eux avec le baccalà, la morue séchée, qui sera savouré six siècles plus tard en crème par le jeune couple de touristes...
Les amoureux d'Histoire seront comblés par le souci du détail de Paolo Cossi : entretiens nombreux avec le propre descendant de Pietro Querini, travail sur son manuscrit du XVe siècle, recherches documentaires pour les décors vénitiens. Et les amoureux des histoires, anecdotes et récits en tout genre adoreront les explications de l'oncle Paolo sur Venise, ils seront aussi séduits par cette très belle idée de relier la grande Histoire au quotidien contemporain. Les dessins de Paolo Cossi tout en finesse et en élégance lorsqu'il s'agit d'architecture, tout en violence et en émotions pendant le naufrage nous embarquent définitivement...
J'ai dans ma bibliothèque Les naufragés de Röst,livre découvert au festival Etonnants Voyageurs de Saint Malo.
RépondreSupprimerPlus exactement dans ma PAL!!!!
Il serait temps que je le lise
Merci Danielle pour ce billet passionnant
Je vous souhaite une très bonne journée
Et bien Françoise, vous nous donnerez votre avis.Voici le lien vers les commentaires des lecteurs du" Campiello ..les avis sont partagés.
RépondreSupprimerhttp://www.campiello-venise.com/livres/romans_f.htm#NAUFRAGES
Très bonne journée à vous et bonne lecture
Danielle
Je vais acheter la bande dessinée qui a l'air fort belle,et je vais voir si je trouve les livres merci pour cette passionnante histoire.
RépondreSupprimerMerci beaucoup Danielle pour vos élogieuses remarques sur ma nouvelle, cela m'encourage fortement.
Très belle journée
Mais, Marisol, vous méritez amplement ces éloges!!!!!Pour la bande dessinée, je suis assez curieuse d'en découvrir les planches.J'ai fait quelques recherches , les dessins de Cossi me plaisent assez.
RépondreSupprimerBonne semaine à vous!
Cette odyssée du Querina nous évoque ce qui vient
RépondreSupprimerde se passer au large de Rome. Avec un Commandant
qui semble avoir oublié les vieilles traditions
de " les enfants et les femmes d'abord". Curieuse
époque que la notre . Ces histoires de naufrages
sont passionnantes à lire. Ce naufrage d'un
paquebot de tourisme deviendra à son tour ( peut-
être) un roman ou une bande dessinée.
Fantastique tout ce que l'on peut apprendre chez toi !
RépondreSupprimerC'est très intéressant.
Merci.
Bises