lundi 18 juillet 2011

Ô, Zanetta bella tchi-tchi..




GABRIELE BELLA
 Teatro di San Samuele ( Collection Querini-Stampalia)


Largué par la piquante «  Fragoletta »(*) qu’il a suivie de son plein gré sur les sentiers hasardeux et socialement méprisés des baladins, Gaetano CASANOVA ( et oui, le père de…) l’ex-artisan padouan désormais sans ressources, décide de  gagner Venise, de s’y installer, persuadé qu’il est, de se faire bientôt engager par l’un des douze théâtres de la ville. il sera employé en tant que violoniste par le Théâtre de San Samuele



Il trouve une chambre dans un bâtiment ( situé entre la Calle dei orbi et la Calle delle Muneghe) que la Scoletta dei Calagheri Tedeschi loue , le temps d’un contrat, à des acteurs ou danseurs de second rang .


A l'angle de la calle dei Orbi,  un peti bâtiment, dont l'aspect actuel date du XVIIe siècle s'emblasonne sur les pilastres d'angle et sur le bas-relief de la façade d'une amusante chaussure.

A deux pas de là, s’ouvre l’échoppe du cordonnier FARUSSI dont la fille Zanetta(**), 15 ans à peine et  dotée d’une  incendiaire envie de vivre  va  subjuguer le pauvre Gaetano

 "C'est à cette crosera que se fit la rencontre improbable de la chaussure et du théâtre"C'est dans ce lieu ordinaire que commença cet insolent "contes de faits" qu'est la saga casanovienne."Dominique CORNEZ-JOLY
Il s’enflamme,  l’enlève  et  l’épouse en l’église voisine.

Addì 27 febbraio. 1723 m. v. (1724)
Il sig. Cajetano Giuseppe Casanova del q.m Giacomo Parmegiano, e la sig. Giovanna M.a Fig.a del q.m Girolamo Farusso ambedue della nostra contrà fatte tutte e tre le solite pubblicazioni, come dal libbro si vidde, prima interrogati, ed ottenuto il loro consenso, contrassero matrimonio per verba de presenti, alla presenza del Rev. mo Piev. della nostra Chiesa, ed illico in missa furono dallo stesso benedetti, p.nti testimonj il sig. Angelo Filosi q.m Bortolo stà a S. Salvador e d.o Giuseppe Monti del sig. Giacomo Filippo Bolognese stà a S. Fantin. (Fonte: Pompeo Molmenti, Carteggi casanoviani. Vol I, Lettere di G.Casanova e di altri a lui. Palermo, Sandron, 1916. pa. 8,9.


 Au-dessus d'un joli petit porche d 'entrée du XVe siècle, au n"° 3128, une autre chaussure surmonte une naïve représentation de l'Annonciation.

c'est la Scuoletta dei calegheri tedeschi ( corporation des cordonniers d'origine allemande) qui prenait en charge ses vieux cordonniers ou formait des jeunes de même origine. Une des sources de revenus de la scoletta était la location de logements.



 Dans la Calle delle Muneghe le  numéro 2993, laisse deviner, gravé sur le linteau, le numéro " 1" qui l'identifiait à l'époque qui nous intéresse.


Le cordonnier FARUSSI meurt bien vite après ce mariage  qu'il n'a pas accepté. Sa veuve Marzia,qui a en charge le jeune couple impécunieux, est logée " amore dei" ( par charité)  aux frais des procurateurs dans cette maison où naît, le 2 avril 1725, 
Giacomo CASANOVA.
Avec l'aide précieuse de


 et les photos de ZEN !:-)


A suivre


(*) La fragoletta est le surnom de la comédienne Giovanna CALDERONI , peut être à cause d 'une petite fraise qu'elle avait sur le sein

(**)Zanetta FARUSSI, pseudonyme de Maria Giovanna Farussi o Farusso detta La Buranella (Venezia, 27 août 1707Dresda, 29 novembre 1776), actrice de théâtre. Les parents Farussi étaient effectivement originaires de Burano mais des documents récents prouvent que Zanetta est née à venise ,dans le sestiere de Santa Croce, dans la Corte della Cazza, non loin de San Giacomo dall' Orio où elle fut baptisée le 14 septembre 1707.

Documento: Atto di Battesimo di Zanetta Farussi (Archivio parrocchiale S.Giacomo dall'Orio. Battesimi anno 1707 foglio 40).
Adi 4 7.bre.
Zuanna Maria figlia del S: Gerolimo Farusso, e la sig.ra Marcia sua consorte nata li 27 passati in Corte della Cazza, e stata batezata da me P: Giovanni ante.o fu suo pad. Il N.H. Tribù Savorgnan di Gerolimo a S. Tomà (?) Com.re la Siedea. Il celebrante, come si ricava da annotazioni analoghe è P. Giovanni Bettadello.(Fonte: Helmut Watzlawick, Le vrais début d'une actrice, in L'intermédiaire des casanovistes, Genève, Année XX, 2003, pag.51)

5 commentaires:

  1. Merci Danielle pour cette histoire, j'aime beaucoup ce genre de billet ! On peut tout suivre, les lieux, l'époque, l'Histoire... on fait un voyage dans le temps et j'adore cela, surtout à Venise.
    J'espère que tu vas bien.
    Bises
    Nath

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  2. Cette histoire est passionnante. On suit pas à pas cette traversée de Venise. On y retrouve les
    portes sculptées, les fameuses chaussures dans la pierre, tout ce qui mêle la réalité avec l' aspect légendaire. Il est vrai qu'à Venise on se trouve sans cesse plongé dans le merveilleux.
    Merci Danielle. Grâce à vous, mes rêves seront
    vénitiens. Elsa ARKUS

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  3. Que j'aime ces histoires...Bonne journée, a presto!

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  4. Merci pour cette blle promenade en compagnie d'un de nos très chers amis !
    Peux-tu nous en dire plus sur ce livre, introuvable en ce qui nous concerne : La Venise de Casanova de Dominique Cornez-Joly

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  5. J'ai acheté ce tout petit livre , début mars, à Venise. Peut être s'agit-il d'une édition confidentielle, je n'en sais guère plus. Il y en avait quelques exemplaires, j'en ai pris un...enfin, j'en ai acheté un..:-)un peu chérot pour son volume mais...quand on aime..on oublie de compter.

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